dimanche 29 juin 2008

Des réalités qui dérangent

J'ai glané dans divers journaux des informations qui éclairent d'une lumière douteuse ou oblique des personnalités qui furent en vue ou le sont encore. Bien entendu, il ne faut jamais enfermer un être humain dans un acte ou une parole, et nul ne peut dire ce qu'il aurait fait s'il avait été à la place de ces personnalités. Du moins est-on en droit d'attendre d'elles, sinon la contrition, du moins l'aveu de ce que fut leur vie, une certaine cohérence donc. Ainsi, Anne-Marie CAZALIS, lauréate en 1943, du Prix Paul VALERY (créé par le Groupement des Étudiants de France, émanation de VICHY), deviendra sans complexes ni remords l'égérie des existentialistes. Marguerite DURAS qui fait la pluie et le beau temps à la Commission de Contrôle du papier d'édition, à la botte de l'occupant, se flattera dans La Douleur (sous le pseudonyme de Mme ANTELME), d'avoir torturé des collabos en 1945 (informations données par le journal Présence, N°605, samedi 7 juin 2008). La seule douleur tolérable, disait je-ne-sais-qui, assez psychologue ma foi, est la douleur des autres ; peccadille donc que ces tortures infligées à autrui, surtout si c'est une ordure.
Le très pointilleux Président de la HALDE, Haute Autorité de Lutte contre la Discrimation et l'Exclusion, discute doctement de l'égalité devant l'emploi d'un candidat de 45 ans et plus, d'un jeune diplômé se prénommant Pierre, et d'un autre répondant au prénom de Mohamed. Il se désole de voir que leurs chances, à compétences égales, ne sont pas identiques. Monsieur Louis SCHWEITZER ne risque point, certes, d'avoir de ces problèmes. Ancien conseiller de Laurent FABIUS, membre du Conseil de Surveillance du Monde, il préside les conseils d'administration d'ASTRA-ZENECCA (un très gros laboratoire pharmaceutique) et de RENAULT ; il est administrateur d'AB VOLVO, de BNP PARIBAS, d'EDF, de l'OREAL, de VEOLIA, et membre du Conseil de Surveillance de PHILIPS ; il touche au titre de ces diverses fonctions, les indemnités et jetons de présence afférents. N'y-a-t-il pas un indécent cumul de revenus pour une responsabilité sociale assez mince ? Et moi qui ne suis pas énarque, mais n'ai trouvé un emploi stable qu'à Bac + 15, aurais-je eu les mêmes chances que monsieur SCHWEITZER ? Je ne le crois pas, et ça ne me gêne pas. (Je n'envie aucunement monsieur SCHWEITZER qui doit avoir une vie de chien et un agenda rempli au point de fatiguer ses artères et son coeur.)
Dans un régime politique où l'on érige la liberté individuelle au rang d'un dogme qui n'est que celui de l'individualisme, il est assez plaisant de constater que l'on refuse aux chefs d'entreprise le droit d'embaucher le candidat de leur choix pour un poste dont ils sont les seuls ou presque à connaître intimement les contraintes et le profil. Il n'y a qu'un façon de régler le faux problème de la discrimination à l'embauche, c'est de contraindre par la loi les chefs d'entreprise à recruter x% de candidats dont le nom a une consonance qui en indique l'origine étrangère et y% de candidats de plus de 45 ans. Mais on pourrait aussi éliminer une partie du premier problème en interdisant, comme jadis, à tout citoyen français de porter un prénom qui ne figure pas au martyrologe ou qui n'est pas sanctionné par un antique usage. Cette règle a été modifiée par les socialistes et a conduit à la situation que l'on sait et que condamne la HALDE. J'ai ainsi connu un étudiant originaire du Proche-Orient, un chercheur remarquable, qui en prenant la nationalité française a changé son prénom de Mohamed en Marc, et a francisé son nom. Il faisait ainsi confiance à sa nouvelle patrie qu'il honore par son talent et son travail, je puis vous l'assurer. Merci à vous, très cher Marc !
On pourrait multiplier ces exemples de contradictions entre les paroles et l'action. Et nous n'en sommes pas davantage exempts que les personnages en vue cités plus haut. Mais justement ils sont en vue, et servent de MODÈLES. On est en droit d'attendre d'eux qu'ils ne déshonorent pas un tel statut.

Aucun commentaire: