Je ne vous dirai pas qui a écrit, il y a près de 2000 ans cette prophétie faite pour notre siècle. Un temps viendra où l'on ne supportera plus l'enseignement solide ; mais au gré de leurs caprices, les gens iront chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d'entendre du nouveau.
Il me semble que ces temps, inaugurés sous les Lumières, sont définitivement advenus. Nous faisons fi de notre histoire, de notre culture, de ce qui nous a constitués, et nous nous ruons vers les dernières nouveautés. Ce prurit de nouveauté s'appuie certes sur un trait constant de la nature humaine, inquiète de trouver des réponses à des questions sur la vie et la mort, et avec elles, la paix qui est censée les accompagner. Mais il est aussi devenu le moteur de notre civilisation marchande qui a besoin, pour honorer l'appétit croissant des gens de la finance, de produire des biens affectés dès le départ d'un coefficient d'obsolescence, de façon à pouvoir inonder le marché, de manière continue, d'objets, d'idées, de modes nouveaux qui tous sont destinés à périr dans l'intention délibérée de leurs concepteurs. Le nouveau, en quelque sorte, est devenu un moyen de faire de l'argent. L'idéologie du progrès a été dévoyée, et ce dévoiement était inscrit dans sa structure même.
Il y a de grandes conséquences à cette manière de vivre : tout d'abord, nous avons du mal à faire des projets et à nous situer dans le temps historique, avec un passé, un présent, un avenir. Nous vivons dans l'instant. Ensuite et en conséquence, nous perdons nos repères culturels ; nous ne les comprenons plus ; nous ne voyons plus comment ils nous ont formés ; et nous en venons à les rejeter pour aller nous ne savons où. Mais il n'y a pas de bons vents pour celui qui ne sait pas où il veut aller, et qui ne sait pas d'où il vient. C'est une des causes de l'actuelle désorientation de la jeunesse. Elle me désole. Il me semble entr'apercevoir des solutions efficaces ; elles requéraient un accord unanime de tous les acteurs sociaux pour être mise en oeuvre. Hélas, HEGEL et MARX ont fait leur oeuvre, et l'on a crucifié JÉSUS une deuxième fois.
Ce qui motive ces acteurs, et l'on ne peut leur en vouloir, c'est la recherche de la notoriété, du pouvoir, de l'efficacité, conditions de leur survie - et qui de nous veut mourir ? - ce n'est pas celle de la vérité, dont il pense qu'elle les tuerait (Guy BEART l'a bien chanté : Ce jeune homme a dit la Vérité, il doit être exécuté) alors qu'en réalité, elle les ferait vivre, elle nous ferait vivre.
Je ne vois plus qu'une issue ; vivre en fonction d'une vérité inlassablement recherchée en espérant qu'elle fera tache d'huile par la vertu de l'exemple.
Tout ce qui est nouveau n'est pas forcément un progrès. Il faudrait trier. Difficile quand la vie intellectuelle se résout à un combat d'écoles, de systèmes, d'idée, et non à un examen contradictoire, bienveillant, objectif des faits, des solutions possibles et de leurs possibles conséquences, par les élites, les responsables politiques, les acteurs industriels, commerciaux et financiers et bien entendu, les citoyens. On peut toujours rêver.
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