lundi 23 juin 2008

La rencontre de l'autre

L'exacerbation des haines raciales ou religieuses de par le monde ne laisse pas d'interroger sur leurs raisons et les conditions qui permettraient de les atténuer, voire de les faire disparaître. J'y ai longuement réfléchi pendant le week-end, passé à STRASBOURG. Et je me sens dans l'obligation de vous livrer les fruits de ma réflexion.
La première des conditions, me semble-t-il, consiste à considérer l'autre COMME SON SEMBLABLE. D'aller vers lui (de s'en rapprocher physiquement et psychologiquement) sans prévention, sans a priori, et je dirais même, avec sympathie. Le prochain, en effet, est celui DONT ON SE REND PROCHE.
La deuxième condition est de reconnaître, connaître et estimer ses différences. On peut aisément les cerner : différences de couleur de peau ou de cheveux, d'aspect physique, de langue, d'origine géographique, de culture, de codes de communication et de politesse. Elles font que si l'autre est notre semblable, il n'est ni notre double, ni une réplique de ce que nous trouvons être l'idéal de l'être humain.
La troisième est, s'il est possible, de connaître les fondements de cette culture, de ces codes de communication et de politesse. Nous ne pouvons exiger de l'autre qu'il connaisse les nôtres. Mais nous pouvons EXIGER de lui qu'il applique dans ses relations avec nous les codes de politesse et de communication de sa culture d'origine. Je me suis laisser dire qu'il existe douze modes de relation de courtoisie au Japon, lesquels dépendent de la position sociale ou professionnelle, du sexe, ou d'autres facteurs qui échappent quelquefois à nos catégories. Je trouverais anormal que ces codes ne me fûssent pas appliqués par un Japonais. Réciproquement, nous devons appliquer à l'autre les règles de respect et de courtoisie qui sont les nôtres, et qu'il est aisé de lui expliquer.
La quatrième condition est d'admettre que nous vivons sur une grande illusion depuis les Lumières, celle de l'universalité de nos valeurs. Il n'en est rien. Nos valeurs ne sont pas universelles. Peut-être en est-il une qui fut partagée par de nombreuses et brillantes civilisations (je pense à la civilisation égyptienne ou à la civilisation chinoise) et qui était chez nous, jusqu'à un passé récent, comme NATURALISÉE : ne pas faire à autrui ce que l'on ne voudrait pas qu'il nous fasse (des textes égyptiens le disent presqu'en ces termes, et CONFUCIUS le dit expressément). Certes, par un effort de pensée, toute conscience droite peut admettre ce principe, principe que Jésus, dans un discours que l'on appelle la règle d'or, formule d'une manière unique car positive : FAIS A AUTRUI CE QUE TU VOUDRAIS QU'IL TE FASSE. Voilà la grande Révolution, voilà le moteur d'une histoire qui prend du sens. Et c'est au nom de cette règle d'or, et non pas en celui de principes idéologiques déconnectés de tout réel, que nous devons aide, secours, assistance, fraternité à tout être humain dans la détresse. Je ne connais pas d'autres moyens que de faire évoluer le monde vers plus de justice, et de fraternité (qui n'est pas la solidarité).
Voilà pourquoi je pense - et je ne l'ai pas toujours fait - que la Fête de la Musique qui vient de s'achever, et dont la paternité revient à Jack LANG, est une bonne initiative car elle permet de vraies rencontres. Il y des scories, et parmi celles-ci, la honteuse et démagogique initiative de madame BACHELOT qui a fait distribuer au frais du contribuable un million de préservatifs ? Certes ! Mais il y a aussi de très belles découvertes, des moments de communion fraternelle dans des musiques anciennes, exotiques, étranges, étrangères, modernes ; et tout ce qui fait converger l'humanité vers plus d'unité est bon.

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