Deux sénateurs roumains, l'un du parti au pouvoir (le Parti National-Libéral), l'autre du Parti de La Grande Roumanie, ont fait voter, à l'unanimité, par leurs collègues, un projet qui prévoit que les programmes d'actualités des télévisions et radios devraient, dans la même contenir des informations positives et négatives.
Bien entendu, levée de bouclier de la part des journalistes qui ne partagent pas l'objectif visé par les sénateurs d'améliorer le climat général et d'offrir au public la chance d'avoir des perceptions équilibrées de la vie quotidienne, psychiquement et émotionnellement.
Une actualité est une actualité, elle n'est ni positive ni négative, elle reflète tout simplement la réalité dit avec une apparente justesse, le président du CNA (Conseil National de l'Audiovisuel), Rasvan Popescu. Cette remarque serait effectivement juste si les médias avaient la possibilité de connaître la totalité de l'actualité, y compris dans les plus petits faits, ceux qui ne font pas de bruit et sont cependant positifs et remarquables. Absolutiser l'actualité, comme le fait monsieur POPESCU, en feignant de croire ou en croyant qu'on peut y accéder dans sa totalité, est au mieux une erreur, ou une idolâtrie, au pire un poison, un mensonge et une manipulation en vue d'accéder à la puissance sur les esprits. Je veux bien croire à la sincérité de monsieur POPESCU, mais je mets en doute son sens critique. A vrai dire, pas plus que je ne crois à la neutralité des médias (qui choisissent les sujets, les ordonnent selon une progression intentionnelle, les commentent [je donnerais un exemple tout à l'heure], et leur donnent une couleur, positive ou négative justement), je ne crois à la possibilité de ventiler les nouvelles en catégorie positive ou négative. Je peux simplement espérer plus d'objectivité dans leur présentation, et de plus solides références aux valeurs, ou aux vertus sur lesquelles notre système politique est construit. Bref, un recours à plus de pensée et de réflexion, et un refus du recours au réflexe conditionné de l'idéologie.
Ainsi, le SMIC vient d'être augmenté de 2,5 %. Présentation des médias : "Le SMIC est augmenté de 2,5 % ; c'est moins que l'inflation". Cette présentation est intentionnellement négative, et diffusée sous cette forme en vue de nuire. Il était plus juste de titrer : "Le SMIC est augmenté de 2,5 % ; les bénéficiaires notent que c'est moins que l'inflation, et juge cette augmentation insuffisante", et plus juste d'indiquer, dans le commentaire, que cette augmentation n'est pas négligeable en cette période de difficultés économiques, surtout si l'on y ajoute tous les coups de pouce qui ont été donnés ici et là aux ménages les plus modestes (prime de rentrée scolaire, prime à la cuve, prime pour l'emploi, etc.), et viennent abonder leurs ressources. Vous le voyez, la méthode des médias est simple : ils isolent un fait de son contexte, comme s'il avait une existence propre (ce qui est bien évidemment stupide), et ne cherchent pas (pour la plupart) à les mettre en relation avec d'autres faits.
En somme, selon le caractère optimiste ou pessimiste du journaliste, selon ses opinions politiques, philosophiques ou religieuses, il présentera, avec la meilleure bonne foi du monde, une série de faits qu'il aura sélectionnés parmi ceux dont il aura eu connaissance, et il nous donnera pour vérité définitive ce qui n'est qu'une présentation personnelle d'une toute petite partie de l'histoire quotidienne du monde.
Toutefois, je partage l'avis des deux sénateurs (et j'en veux pour preuve l'euphorie des Français après la victoire de notre équipe au Mondial de football), l'humeur des gens, et leur vie même, sont très fortement influencées par la tonalité et la couleur que les grands médias donnent à leurs informations. Il faut cependant se garder de tout ce qui ressemblerait à de propagande ou de la manipulation.
J'en profite pour dénoncer ici avec violence et révolte, une publicité de la Mairie de Paris, payée avec l'argent des contribuables. Une affiche : on y voit sous ses meilleurs airs, en couleur, l'hôtel de ville, et sous la photo, un commentaire : "Paris protège l'amour" ; à la place du soleil, un préservatif aux reflets dorés. Paris protège ainsi les relations sexuelles à risque, lesquelles n'excluent pas l'amour certes, mais ne les incluent pas forcément non plus, et j'aurais même tendance à dire s'en passent fort bien. Voilà comment avec des mots on tourneboule la cervelle de nos concitoyens, on assène des équivalences (amour égale relations sexuelles quand on veut, si l'on veut, où l'on veut) qui n'ont aucun appui sur le réel ou le vécu des êtres de chair. Lamentable ! Triste ! Honteux ! Dangereux. Bien dans l'esprit du temps, bien dans l'esprit parisien.
Remarque du soir. Je viens de passer devant l'une de ces publicités de la Mairie. Je n'avais pas vu que l'Association ou le Groupe qui soutient cette initiative s'appelle "Paris-Plaisir/Paris-capotes". Mon commentaire est donc amplement justifié : c'est le plaisir que l'on protège, et certainement pas l'amour. Pouah !
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