mardi 24 juin 2008

Martine se confesse

Les journaux ont assez peu rendu compte des propos de Martine AUBRY, tenus il y a deux jours sur RTL. Ils valent la peine d'être rapportés. Mère des catastrophiques 35 heures, Martine trouve très grave que le gouvernement ait balayé le protocole signé par le CGT et la CFDT et le MEDEF avec un texte qui remet en cause le paiement des heures supplémentaires et le repos compensateur. Je n'ai pas suivi d'assez près ces négociations pour savoir où est vraiment la vérité. Elle doit être entre les déclarations lénifiantes de Xavier BERTRAND et les fulminations forcées de Bernard THIBAULT et François CHEREQUE. Mais il faut quand même que madame AUBRY se rende compte de la désorganisation qu'elle a introduite dans la marche des entreprises et des administrations d'état, et en particulier des hôpitaux, où il est impossible d'appliquer sa loi, faute de personnel. (C'est un milieu que j'ai bien connu par profession. Le personnel hospitalier est admirable de dévouement ; la loi lui fait obligation s'assurer la continuité des soins ; de sorte que les trente-cinq heures relèvent de l'aimable plaisanterie. Accumulation de RTT et de repos compensateurs non pris, travail harassant dans un système où les "Droits des usagers" et la crainte des poursuites judiciaires de la part de malades mécontents, ont faire perdre une partie de l'intérêt du métier, démobilisent les bonnes volontés, accumulent de l'amertume, et font fuir vers le secteur privé.)
Martine poursuit : elle est favorable aux 41 années de cotisation pour une retraite pleine et entière. Tiens ! tiens ! Mais voilà qui est nouveau. Alors pourquoi son parti soutient-il les grèves destinées à protester contre cette mesure de bon sens ? Elle ajoute, et je suis d'accord avec cette remarque, que ce qui est possible pour beaucoup de catégories (ah ! ce mot de catégorie, tellement aimé des socialistes, qui fustigent l'existence des classes et feignent de croire que changer de mots suffit à changer la réalité) ne l'est pas quand on a commencé à travailler tôt, quand on a eu des emplois pénibles.
Martine, très généreuses avec l'argent des autres, surtout quand il s'agit des contribuables, suggère de donner un bonus aux entreprises qui ont un pourcentage de salariés seniors plus élevés, par le biais de cotisations sociales. Je ne comprends pas ce que veut dire ce dernier membre de phrase, ou plutôt je crains de comprendre qu'on pénalisera les méchants qui ne veulent pas employer le nombre de seniors fixé par la loi. Plaignons les entreprises d'élagage, de transport routier, de jardinage, ou toutes entreprises qui requièrent de leurs employés un certaine forme physique.
Et, cerise sur le gâteau, Martine est favorable à une régularisation importante des sans-papiers, mais pas à une régularisation générale. Pour le membre d'un parti qui réclame plus de transparence de la part de l'administration chargée de distribuer des titres de séjour, il y a là un léger flou : que veut dire importante ? Et pourquoi faudrait-il régulariser des personnes qui ont délibérément enfreint la loi ? Quels critères appliquerait-elle si elle était aux affaires ? Ne voit-elle pas que ceux qui souffrent de cette immigration, compréhensible (je l'ai déjà dit) mais incontrôlée, ce sont précisément les catégories dont elle prétend défendre les intérêts ? L'homme est ainsi fait qu'il a besoin de repères pour s'identifier. C'est la raison pour laquelle, en France même, on voit des regroupements d'immigrés maliens, turcs, ou chinois, qui finissent par changer le paysage familier auquel nos propres compatriotes étaient habitués depuis leur enfance, et qui leur font perdre des repères identitaires auxquels ILS ONT NATURELLEMENT DROIT. Pourquoi acceptons-nous ces ghettos communautaires là où il faudrait au contraire permettre aux arrivants de s'immerger complètement dans leur pays d'accueil ?
Martine a compris cependant, et c'est un grand écart, qu'il faut reconduire à la frontière les personnes qui ne respectaient pas nos règles ce qui ne l'empêche pas de critiquer la politique du chiffre de monsieur HORTEFEUX. Et s'il s'agissait simplement de reconduire systématiquement toute personne qui ont délibérément enfreint la loi ? J'attends toujours que Martine nous dise comment elle aiderait les pays du tiers-monde à se développer, quel pourcentage du PIB elle entendrait consacrer à l'aide économique des pays émergents, comment elle envisage une vraie politique durable de coopération avec ces pays, dans des perspectives humanisantes, j'attends d'elle autre chose que cette politique d'assistanat qui ne reconnaît aux pauvres que des droits (sans les leur assurer) et aucun devoir, ce qui leur ôte toute dignité. Mais je note avec intérêt que les idées de Martine évoluent. Fasse le ciel qu'elle puisse influencer les éléphants dans le bon sens. Martine s'est confessée. Les éléphants lui donneront-ils l'absolution ?

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