lundi 12 septembre 2016

12 septembre 2016. Nouvelles de la Résistance. Progrès et solitude !

-
Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
-
1. LA CITATION DU JOUR.
-
 "« Non, je n’ai pas le sens des limites de l’homme » Puis il remit ses lunettes qui lui donnaient l’air vieux pour mieux voir le tableau. Ensuite, il l’abandonna et fit face à Joan avec un visage plus pâle que d’habitude.
« Joan », dit-il, « je voudrais m’avancer là où personne ne s’est avancé ; je voudrais trouver quelque chose qui ne soit ni des rires ni des larmes. Mon chemin, ce sera véritablement le mien ; je le construirai comme les Romains faisaient pour les leurs. Mes aventures ne seront pas des bagarres de carrefour, mais des percées sur la voie du Progrès infini de l’Esprit. Je penserai ce qui n’était pas pensable avant que je l’eusse pensé ; j’aimerai ce qui n’a jamais vécu jusqu’à ce que j’eusse commencé de l’aimer — je vivrai aussi solitaire que le Premier Homme."
In
Gilbert Keith CHESTERTON.
L’auberge volante. Traduit de l’anglais et préface par Pierre BOUTANG.
L’Âge d’homme, Lausanne, 1990, pp. 189-190.
-
2. COMMENTAIRES.
-
Si vous n’avez pas lu ce roman picaresque d’une irrésistible drôlerie et cependant profond, précipitez-vous chez le premier libraire et le commandez sur le champ. Les paroles que je cite sont proférées par un Lord entiché d’islam, qui vient de faire proscrire les auberges débitant des boissons alcoolisées,(il siège à la Chambre) à l’exception de quelques très rares d’entre elles disposant d’une enseigne les y autorisant.
Lord IVYWOOD, puisqu’il s’agit de lui, est bouffi d’ego, de certitudes, d’arrogance faussement aristocratique et il est opposé à un géant irlandais rouquin, le capitaine Patrick DALROY, une force de la nature, qui boit sec et ne s’en laisse pas compter. DALROY est associé à un brave aubergiste qui avait cette enseigne avant qu’IVYWOOD ne se mette en tête de la lui enlever.
L’intérêt de la citation est qu’elle pose très exactement et dans des termes glaçants la problématique tout ce qu’il y a de plus moderne de l’auto-construction de soi et de l’orgueil humain, si bien décrit dans la Bible par le mythe de la Tour de Babel qui aboutit à la confusion des langues et à la rupture des relations entre les hommes de ce monde.
IVYWOOD en effet aime tellement peu les hommes qu’il voudrait se retrouver à l’état de solitude absolue dans laquelle fut plongé (croit-il) le premier homme. Et il me semble que le Progrès, tel que l’homme moderne se l’imagine, aboutit très clairement à cette rupture de la relation interhumaine.
À cet égard, mais je l’avais signalé dans un très ancien billet, les Grecs avaient se faisaient du réel et de l’invention une autre idée que ces artistes qui se croient sublimes parce qu’ils peignent une toile d’un bleu uniforme ou d’un blanc pur. (Et il y a des gogos pour s’extasier !) Les Grecs disais-je pensaient que l’invention consistait à réveiller le réel et était indissociable de la vérité. C’est pourquoi, en grec, la vérité se dit aletheia, qui signifie littéralement « sortie du sommeil ». J’affirme ici, avec la dernière force, que les peintres qui peignent une toile d’une couleur uniforme ne font que faire surgir dans la réalité sensible, la notion d’uniformité de couleur telle qu’elle peut se révéler dans l’azur d’un ciel ou le jade d’un étang. Il n’y a là aucune transgression simplement de la naïveté ou au contraire du cynisme joint à une certaine boursouflure de l’ego.
Et je dis que les apprentis sorciers, les pionniers du transhumanisme par exemple, ou de tout autre nouveauté technologique monstrueuse (comme l’hybridation de l’animal et de l’homme) réveillent eux aussi une réalité endormie, celle qui est fomentée par les anges déchus ; ils s’appellent les Satans. Et s’ils réussissent dans leurs projets de perversion de l’humain, ils laisseront l’homme seul au milieu des hommes, dans la plus affreuse solitude et le désespoir absolu.
-
3. INFORMATIONS DIVERSES.
-
Du site du Boulevard Voltaire ce commentaire du discours dit de Wagram qui illustre parfaitement les paroles de Lord IVYWOOD.

-
Un autre échec de Pépère (du site de l’Opinion)

-
Message de Jean-Frédéric Poisson (du site Aleteia).




Aucun commentaire: