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Ce n’est pas l’ignorance qui nous
empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LA CITATION DU JOUR.
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"« Non, je n’ai pas
le sens des limites de l’homme » Puis il remit ses lunettes qui lui
donnaient l’air vieux pour mieux voir le tableau. Ensuite, il l’abandonna et
fit face à Joan avec un visage plus pâle que d’habitude.
« Joan », dit-il, « je
voudrais m’avancer là où personne ne s’est avancé ; je voudrais trouver quelque
chose qui ne soit ni des rires ni des larmes. Mon chemin, ce sera véritablement
le mien ; je le construirai comme les Romains faisaient pour les leurs.
Mes aventures ne seront pas des bagarres de carrefour, mais des percées sur la
voie du Progrès infini de l’Esprit. Je penserai ce qui n’était pas pensable
avant que je l’eusse pensé ; j’aimerai ce qui n’a jamais vécu jusqu’à ce
que j’eusse commencé de l’aimer — je vivrai aussi solitaire que le Premier
Homme."
In
Gilbert Keith CHESTERTON.
L’auberge volante. Traduit de l’anglais
et préface par Pierre BOUTANG.
L’Âge d’homme, Lausanne, 1990, pp.
189-190.
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2. COMMENTAIRES.
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Si vous n’avez pas lu ce roman
picaresque d’une irrésistible drôlerie et cependant profond, précipitez-vous
chez le premier libraire et le commandez sur le champ. Les paroles que je cite
sont proférées par un Lord entiché d’islam, qui vient de faire proscrire les
auberges débitant des boissons alcoolisées,(il siège à la Chambre) à l’exception
de quelques très rares d’entre elles disposant d’une enseigne les y autorisant.
Lord IVYWOOD, puisqu’il s’agit de
lui, est bouffi d’ego, de certitudes, d’arrogance faussement aristocratique et
il est opposé à un géant irlandais rouquin, le capitaine Patrick DALROY, une
force de la nature, qui boit sec et ne s’en laisse pas compter. DALROY est associé
à un brave aubergiste qui avait cette enseigne avant qu’IVYWOOD ne se mette en
tête de la lui enlever.
L’intérêt de la citation est qu’elle
pose très exactement et dans des termes glaçants la problématique tout ce qu’il
y a de plus moderne de l’auto-construction de soi et de l’orgueil humain, si
bien décrit dans la Bible par le mythe de la Tour de Babel qui aboutit à la
confusion des langues et à la rupture des relations entre les hommes de ce
monde.
IVYWOOD en effet aime tellement peu
les hommes qu’il voudrait se retrouver à l’état de solitude absolue dans
laquelle fut plongé (croit-il) le premier homme. Et il me semble que le
Progrès, tel que l’homme moderne se l’imagine, aboutit très clairement à cette
rupture de la relation interhumaine.
À cet égard, mais je l’avais
signalé dans un très ancien billet, les Grecs avaient se faisaient du réel et
de l’invention une autre idée que ces artistes qui se croient sublimes parce qu’ils
peignent une toile d’un bleu uniforme ou d’un blanc pur. (Et il y a des gogos
pour s’extasier !) Les Grecs disais-je pensaient que l’invention consistait
à réveiller le réel et était indissociable de la vérité. C’est pourquoi, en grec,
la vérité se dit aletheia, qui signifie littéralement « sortie du sommeil ».
J’affirme ici, avec la dernière force, que les peintres qui peignent une toile
d’une couleur uniforme ne font que faire surgir dans la réalité sensible, la notion
d’uniformité de couleur telle qu’elle peut se révéler dans l’azur d’un ciel ou
le jade d’un étang. Il n’y a là aucune transgression simplement de la naïveté
ou au contraire du cynisme joint à une certaine boursouflure de l’ego.
Et je dis que les apprentis
sorciers, les pionniers du transhumanisme par exemple, ou de tout autre
nouveauté technologique monstrueuse (comme l’hybridation de l’animal et de l’homme)
réveillent eux aussi une réalité endormie, celle qui est fomentée par les anges
déchus ; ils s’appellent les Satans. Et s’ils réussissent dans leurs
projets de perversion de l’humain, ils laisseront l’homme seul au milieu des
hommes, dans la plus affreuse solitude et le désespoir absolu.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Du site du Boulevard Voltaire ce
commentaire du discours dit de Wagram qui illustre parfaitement les paroles de
Lord IVYWOOD.
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Un autre échec de Pépère (du site
de l’Opinion)
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Message de Jean-Frédéric Poisson
(du site Aleteia).
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