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Ce n’est pas l’ignorance qui nous
em pêche de devenir vrai, c’est la lâcheté
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1. LES CITATIONS DU JOUR.
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"Le droit qu’a le pauvre d’obtenir
le secours de la société a cela de particulier qu’au lieu d’élever le cœur de l’homme
qui l’exerce, il l’abaisse. […]. Les droits ordinaires sont conférés aux hommes
en raison de quelques avantages personnels acquis par eux sur leurs semblables.
Celui-ci est accordé en raison d’une infériorité reconnue. Les premiers mettent
cet avantage en relief et le constatent ; le second place en lumière cette
infériorité et la légalise. Plus les uns sont grands et assurés, plus ils
honorent ; plus l’autre est permanent et étendu, plus il dégrade.
Le pauvre qui réclame une aumône
au nom de la loi est donc dans une position plus humiliante encore que l’indigent
qui la demande à la pitié de ses semblables au nom de celui qui voit d’un même œil
et soumet à d’égale loi le pauvre et le riche."
In
Alexis de TOCQUEVILLE.
Mémoire sur le paupérisme.
In Œuvres. André JARDIN, éditeur avec la collaboration de Françoise MÉLONIO
et Lise QUEFFÉLEC. Bibliothèque de la Pléiade. Gallimard, Paris, 1991, p. 1171.
"Ma fille, souvenez-vous qu’il
nous faut beaucoup d’amour pour que les pauvres nous pardonnent le pain que nous
leur donnons."
Paroles de saint Vincent de PAUL
à sainte Louise de MARILLAC. On peut les entendre à la fin du film superbe de
Maurice CLOCHE, Monsieur Vincent,
sorti en 1947.
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2. COMMENTAIRES.
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J’ai de bonnes raisons de citer Vincent
de PAUL. En effet, l’Eglise catholique fête aujourd’hui l’apôtre de la charité,
si bien rendu par Pierre FRESNAY dans le film de Maurice CLOCHE. Cette figure du
don de soi au pauvre rend à jamais la France illustre au rang des nations ;
il n’y a pas beaucoup de saints qui aient porté l’amour des pauvres à ce degré
d’incandescence. Peu de pays ont vu naître un homme de basse extraction qui se
permettait de critiquer les hauts et puissants seigneurs avec une liberté qu’on
chercherait en vain chez les courtisans grouillants des « palais » de
la République. C’est une spécialité de la France que de s’occuper des pauvres
comme on s’occupe de ses frères : Frédéric OZANAM ou sœur Emmanuelle, ou
encore dans l’ordre politique Albert de MUN. (Bien entendu, la France n’est pas
le seul pays à avoir donné naissance à ces missionnaires de la charité, mais
ils y sont nombreux et efficaces.)
L’opinion de TOCQUEVILLE vient à
merveille mettre en évidence la différence fondamentale qui existe entre ce que
Fabrice WILHELM (je reviendrai sur cet auteur) appelle la charité légale (qui
vient sanctionner à la fois un droit et une infériorité) et la charité
chrétienne qui ne fait aucune acception des personnes et voit en tout être humain
une créature de Dieu, un frère ou une sœur (voir l’épître de saint Jacques).
Par un curieux renversement du
sens, l’opinion commune, laïcarde et républicano-socialiste attribue à la
charité née de l’amour de Dieu les défauts de la charité légale. Les
prestations sociales de toutes sortes destinées "aux plus démunis"
(ce qui incidemment suppose qu’il y ait des moins démunis, lesquels chercheront
toujours à avoir plus) viennent publiquement marquer au fer rouge l’infériorité
sociale. Il n’y a qu’à faire un tour dans les files d’attente qui des CNAM,
Sécu, policliniques, etc., pour voir comment les préposés aux guichets de ces
organismes traitent des « dossiers » et ne s’occupent point des
personnes. La charité discrète, cachée, silencieuse, aimante voit en toute
personne qui souffre l’image du crucifié. Il me semble qu’il y a là une
différence que la politique, les décrets, les impôts et les lois ne pourront
JAMAIS supprimer.
Je reviendrai, disais-je, sur le
livre que Fabrice WILHELM consacre à l’envie.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Belle illustration de la charité
légale : su site de l’Opinion.
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