Nous
discutions hier soir, avec quelques amis engagés dans le mouvement des Veilleurs,
de l’avenir de notre mouvement. C’est en y repensant ce matin que m’est revenue en tête la prophétie du prophète Isaïe (21, vv8-9 et 11b).
"Et le veilleur a crié : « Au
poste de guet, Seigneur, je me tiens tout le jour. À mon poste de garde, je
reste debout toute la nuit. Voici ce qui vient : sur un char attelé de
deux chevaux un homme parle et dit : “Elle est tombée Babylone, elle est
tombée, et toutes les statues de ses dieux gisent par terre, brisées.”. […].
Une voix me crie de Séïr : “Veilleur, où en est la nuit ? Veilleur,
où en est la nuit ?”"
Et
je pensais aussi au veilleur qui sur les remparts d’ARGOS guettait les feux qui
annonceraient la victoire d’AGAMEMNON sur PRIAM. Nul ne peut pénétrer dans les
pensées de cet homme qui, les yeux fixé sur un horizon incertain, attendait le
signe du vainqueur avec la certitude qu’il jaillirait, splendide, en un moment
qu’il n’attendait pas mais espérait de tout son être.
Les
Veilleurs en sont là. Ils sont sur les remparts d’un monde menacé par les
puissances d’argent, l’orgueil démoniaque des grands, la folie d’une pensée qui
se proclame moderne et n’est même plus païenne, même plus néolithique, pas
davantage paléolithique, mais néantisée.
Et
nous sommes arrivés à quelques conclusions qu’il me plaît de vous faire
connaître afin que vous puissiez adhérer à ce mouvement puissant, venu du fond
de nos humanités. Premièrement, les Veilleurs revendiquent d’être un mouvement
subversif. Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de faire un mai 68 à rebours,
pas davantage de renverser par la force un système vermoulu, plus vermoulu et
corrompu que Babylone la grande, et qui est en train de sombrer. Il s’agit de
faire société et de dénoncer ce que certains sociologues appellent la « dissociété ».
Deuxièmement, il nous revient de créer du lien social, de nous appuyer sur la
culture et les arts, sur le sens de la justice ; nous avons l’obligation
de dénoncer les lois iniques, et nous le ferons, nous ne cesserons de le faire.
Troisièmement, il nous échoit de fédérer, humblement mais résolument, tous ceux
et celles qui n’en peuvent plus de voir triompher l’impudence, l’impudeur, le
faste tapageur, le luxe alors que tant de pauvres sont assis à la porte des
palais où festoient les mauvais riches (car il y en a de bons figurez-vous).
Quatrièmement, nous avons l’obligation d’interroger des habitudes ou des
concepts qui semblent aller de soi, et qui en réalité sont sinon contestables,
du moins questionnables : la question du progrès, la question des
technosciences, la question du totalitarisme démocratique ; nous devons
nous interroger sur des événements dont la portée nous échappent encore mais
qui est considérable. Que signifie socialement, politiquement, religieusement
la foule qui a assisté pieusement aux obsèques de Johnny HALLIDAY ? Feu de
paille ? Réaction profonde d’un peuple qui revendique d’avoir des racines
et se souvient qu’il fut chrétien ?
Oui, nous avons l’audace comme le
veilleur du Psaume de dire avec confiance : Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore ! (Psaume 129, v. 6).
Et c’est alors que prend tout son sens
la question posée par un écrivain qui répond au nom d’Étienne AMORY :
Veilleur, où en est l’aurore ? Mais l’aurore a déjà pointé, et nous ne
sommes que les premiers témoins de ses rayons timides qui se lèvent.
Amis qui lirez ce billet, n’hésitez pas !
Venez à nos veillées. Soyez des créateurs, des animateurs de veillées dans vos
villes, vos villages, vos quartiers. Ne laissez pas aux puissances financières
et économiques le soin de nous dicter ce qui est bon pour nos vies. Interrogez
votre conscience et prenez les dispositions concrètes pour faire bouger un peu
les choses.
Bonnes fêtes de la Nativité !
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