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Comment
ne pas aimer cet anglais au robuste bon sens et à l’humour ravageur ? S’il
n’avait pas existé, il eût été impossible de l’inventer. Il nous parle aujourd’hui
de l’inanité et de la vacuité de l’économisme.
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Rien n’est plus facile que de prêcher la vérité. Le
miracle c’est de la faire aimer.
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1. LA
CITATION DU JOUR.
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"[…]. Que l’homme ne puisse pas
vivre sans pain n’implique pas qu’il vive seulement de pain. Il lui est naturel
de se préoccuper beaucoup moins des mécanismes économiques qui, lui procurant
son pain quotidien, assurent son existence, que de cette existence elle-même,
de l’univers où il s’éveille chaque matin, de la place qu’il y tient. Ce n’est
pas sa subsistance qui le préoccupe le plus, mais son existence. Pour une fois
où il se représentera clairement ce que lui rapporte son travail et ce que lui
coûte sa nourriture, il lui arrivera dix fois de se dire qu’il fait beau, que
le monde est bizarre, que la vie vaut d’être vécue, que le mariage n’est pas
toujours rose, que les enfants sont gentils, mais que sa jeunesse était plus
gaie, bref de méditer vaguement sur le mystère de la vie humaine. Ce que je
viens de dire est vrai de la plupart des esclaves à gage de notre monde
industriel qui, par son horreur et son inhumanité, a réussi à rendre réellement
primordiale la question économique, mais l’est infiniment plus de la multitude
innombrable de paysans, de chasseurs, de pêcheurs qui forment encore la plus
grande partie de l’humanité. Même les cuistres qui font dépendre la morale de
l’économie suppose l’existence. L’existence implique une foule d’interrogation
mais, d’ordinaire, nous songeons plus souvent à son sens qu’à ses moyens. La
preuve de ce que j’avance est simple, simple comme le suicide. Abolissez
l’univers par l’imagination, vous abolirez du même coup les professeurs
d’économie politique ; si vous avez décidé de mourir, vous n’avez plus
besoin qu’ils vous apprennent comment vivre. Toutes les initiatives et toutes
les décisions qui forment le cours de notre histoire ont eu ce caractère commun
d’enrayer le cours purement économique des choses. De même que l’économiste
peut se dispenser de calculer l’augmentation du salaire du suicidé, il peut
omettre de calculer la retraite du martyr. Et de même qu’il est inutile qu’il
calcule la pension du martyr, il est inutile qu’il calcule les allocations
familiales du moine. Les plans de l’économie sont, à chaque instant, remis en
question par le soldat qui meurt pour son pays, par le paysan qui laboure son
champ, par le converti qui s’exerce à suivre les préceptes de sa religion, ce
qui ne relève pas d’une comptabilité des moyens de subsister, mais d’une vision
du sens de l’existence ― de ce que l’homme ressent au fond de lui-même quand il
regarde à travers ces étranges fenêtres qu’on appelle des yeux, cet étrange
spectacle qu’on appelle le monde."
In
G[ilbert] K[eith] CHESTERTON.
L’homme éternel. 2e édition,
2e tirage (nouvelle traduction).
Dominique Martin, Bouère, 2012. (Page
145.)
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2. COMMENTAIRES.
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Diverses
enquêtes font apparaître que le peuple français est un des moins racistes du
monde. Les imbéciles se précipiteront, cependant, pour déclarer racistes,
xénophobes, islamophobes, et chosophobes, tous ceux qui estiment légitimes de
défendre leur manière de vivre, leur façon de concevoir l’existence, l’amour de
leur patrie, leur langue, leur culture. CHESTERTON explique cela admirablement
et il annonce la déchéance définitive des économistes, de l’économisme et de
tous les systèmes qui font de l’argent la clé, le point nodal de toute
politique.
L’homme
ne vit pas que de pain. Il en a besoin, sans aucun doute, et il y a bien
longtemps que les philosophes chrétiens du Moyen Âge ont proclamé une vérité
absolue : la grâce ne peut venir en l’homme si sa nature n’est pas
satisfaite. Néanmoins le pain quotidien ne sert que de support matériel à la
réflexion perpétuelle de l’homme sur sa propre condition. Quelle que soit, du
reste, la réponse qu’il donne à la question de l’esprit, à celle de l’existence
de Dieu. BACHELARD avait déjà dit que l’homme est un être de désir et de
nécessité.
Que
les plans de l’économie soient sans cesse remis en cause est amplement démontré
par les faits. N’en prenons que quelques-uns qui concernent la manière dont la
SNCF entend se moderniser : panne gigantesque à la gare Montparnasse pour
cause d’informatique déficiente. Là, où jadis, des aiguilleurs vigilants
auraient corrigé visuellement l’aiguillage des trains, une machine sans âme
tombe en carafe et paralyse le trafic pendant 48 heures ; rebelotte à la
gare de Bercy où l’on a vu une pagaille monstre et une foule en colère tenter
de prendre d’assaut les trains pour lesquels des billets avaient été achetés :
la défense de la SNCF est lamentable. En offrant aux voyageurs la double option
du billet open et de la réservation, la SNCF a délibérément omis de prendre en
compte le désir de vacances et d’évasion des Français. Il n’y a pas eu de
surréservation, et pour cause, mais une non prise en compte de ce qui vient à l’esprit
du plus petit enfant : quand on peut partir en week-end, surtout quand il
est long, on en profite. Il y a eu de l’économisme (en fait un souci de
dépenser le moins possible en engrangeant un maximum de clients). De nouveau,
interruption relativement courte (2 heures) du trafic quelques jours plus tard
à la gare Saint-Lazare. Il est évident que ces incidents sont liés à la manière
dont cette grande entreprise est gérée : économisme d’abord, on verra
après.
Il
faut bien que nous comprenions un phénomène évident : notre manière de
vivre matériellement est fondée sur une exploitation directe ou indirecte des
pays pauvres. Nous refusons de payer au prix normal (donc plus chers) des biens
et des services parce que nous sommes prisonniers d’une vision très économique
de l’existence. Nous sommes peut-être en train de nous dessécher, de vendre notre
âme et notre esprit aux marchands du temple, et pour ne plus penser à l’existence. Accepterons-nous indéfiniment la victoire des cuistres ?
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3. REVUE
DE PRESSE INSOLENTE.
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Une
jeunesse courageuse !
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Train
et passage à niveau : troublante constatation.
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Bienheureuse
et vivante patrie.
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Sur
les origines de Jérusalem : à lire absolument.
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Pas
d’avenir pour le FN selon Robert MÉNARD.
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