Comme j’avais déposé une contribution
auprès du Commissaire enquêteur chargé d’instruire le dossier du transformateur
de Saint-Victor et Melvieu, et que, outre sa publicité obligatoire – chaque citoyen
a pu en prendre connaissance – cette contribution était datée, signée et
portait mon adresse, une élue m’a envoyé à titre d’information la lettre en forme
de droit de réponse à la publication d’un éditorial scandaleux publié dans le
numéro du Figaro daté du 5 janvier.
Je voulais vous la transmettre pour vous montrer combien, billet après billet,
se justifient mes analyses sur cette société technocratique, bureaucratique et
oppressive. Je vous demande instamment de partager cette note brève ainsi que
le billet je donne le lien ci-dessous ; trop c'est trop ; ni les gendarmes, ni la police, ni la force ne viendront à bout de la résistance des ruraux, sauf à faire des morts.
"Monsieur,
Elue à St Victor et Melvieu j’ai
pris connaissance de votre éditorial du 5 janvier ainsi que des articles de vos
collègues Christophe Cornevin et Bertille Bayard. Je m’adresse à vous à cause de
l’adresse mail mais je vous serais obligée de communiquer mon propos aux deux
autres journalistes.
Ce que M Cornevin exprime au
sujet du « méga transformateur » de St Victor et Melvieu me semble
mériter quelques précisions. D’abord le conseil municipal de St Victor et Melvieu a voté à plusieurs reprises
et à tous les niveaux de ce dossier contre ce projet parce que notre village
supporte déjà 13 lignes électriques, un barrage, un poste de transformation et
138 pylônes, un seuil est atteint par la population. Il ne s’agit pas du
phénomène « Nimby », pas dans mon arrière-cour, mais simplement de
saturation de nuisances pour 400 habitants qui ont déjà beaucoup donné pour la
production énergétique nationale. Quant aux « frondeurs » que M le
Préfet qualifiait de pré-zadistes ils sont propriétaires du terrain convoité
par RTE.
Mais venons en au fond de ce
dossier du 5 janvier. Je simplifie : il y a une poignée d’ extrémistes (de
gauche) qui fédèrent des égoïsmes locaux. Ce n’est pas la réalité. Il n’y a
plus depuis des années de politique des territoires, plus de services publics,
déserts médicaux, classes qui ferment, lignes de chemin de fer inexistantes ou
supprimées etc…. et voilà que l’on sature ces territoires déjà défavorisés
d’ouvrages électriques qui détruisent le seul bien qui reste : un milieu
naturel non pollué. Il ne viendrait à l’idée de personne d’implanter un site
d’enfouissement de déchets radioactifs à proximité d’une grande ville, mais les
80 âmes de Bure peuvent bien s’y plier, elles n’ont qu’un seul défaut, elles
sont peu nombreuses et sans défense. Voilà pourquoi des populations rurales
traditionnellement conservatrices et plutôt à droite accueillent parfois avec
bienveillance ces « casseurs des champs ».
Il y a effectivement comme le dit
Bertille Bayard une « incapacité de notre époque à créer du
consensus » et il n’y a là aucun paradoxe avec ce qui lui semble une
débauche de communication.(1) Un consensus suppose un noyau de valeurs
partagées qui fédère des intérêts et justifie des sacrifices. Les territoires
ne peuvent exister que comme un réservoir de ressources pour les agglomérations
et une source de profits désormais mondialisés. Les ruraux, les locaux, les
exilés des villes appelez les comme vous voulez n’ont plus le sentiment d’appartenir
à un pays dont ils seraient tout à la fois les pourvoyeurs et les
bénéficiaires. Le consumérisme ne fait pas une civilisation et la nation ne
fait plus sens. Ce qui prime alors c’est l’individu perdu dans un ensemble qui l’ignore et qu’il
se plait à son tour à ignorer. Il se replie alors sur son cadre de vie parce
que c’est le lieu identitaire qui lui reste.
Présenter les
« zadistes » comme une poignée d’extrémistes violents qui viendraient
à eux seuls enrayer une cinquantaine de
projets d’aménagement est tout à fait simpliste. Les ruraux constatent le
saccage de leur environnement au profit d’un
économisme dont ils sont les perdants. Les frondeurs représentent une
contre-société. Ils ne font que relayer avec leur organisation une contestation
et un malaise bien plus profond et plus
général.
(1)Je précise qu’à St Victor et
Melvieu il n’y a pas eu de débat public, la décision d’implantation a été prise
par M le Sous Préfet au nom de l’Etat et le dossier de concertation de l’époque
ne correspond pas au dossier actuel."
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