mercredi 10 janvier 2018

10 janvier 2018. Note brève. Un nouveau Notre-Dame des Landes en Aveyron (2)

Comme j’avais déposé une contribution auprès du Commissaire enquêteur chargé d’instruire le dossier du transformateur de Saint-Victor et Melvieu, et que, outre sa publicité obligatoire – chaque citoyen a pu en prendre connaissance – cette contribution était datée, signée et portait mon adresse, une élue m’a envoyé à titre d’information la lettre en forme de droit de réponse à la publication d’un éditorial scandaleux publié dans le numéro du Figaro daté du 5 janvier. Je voulais vous la transmettre pour vous montrer combien, billet après billet, se justifient mes analyses sur cette société technocratique, bureaucratique et oppressive. Je vous demande instamment de partager cette note brève ainsi que le billet je donne le lien ci-dessous ; trop c'est trop ; ni les gendarmes, ni la police, ni la force ne viendront à bout de la résistance des ruraux, sauf à faire des morts.


"Monsieur,

Elue à St Victor et Melvieu j’ai pris connaissance de votre éditorial du 5 janvier ainsi que des articles de vos collègues Christophe Cornevin et Bertille Bayard. Je m’adresse à vous à cause de l’adresse mail mais je vous serais obligée de communiquer mon propos aux deux autres journalistes.

Ce que M Cornevin exprime au sujet du « méga transformateur » de St Victor et Melvieu me semble mériter quelques précisions. D’abord le conseil municipal de St  Victor et Melvieu a voté à plusieurs reprises et à tous les niveaux de ce dossier contre ce projet parce que notre village supporte déjà 13 lignes électriques, un barrage, un poste de transformation et 138 pylônes, un seuil est atteint par la population. Il ne s’agit pas du phénomène « Nimby », pas dans mon arrière-cour, mais simplement de saturation de nuisances pour 400 habitants qui ont déjà beaucoup donné pour la production énergétique nationale. Quant aux « frondeurs » que M le Préfet qualifiait de pré-zadistes ils sont propriétaires du terrain convoité par RTE.

Mais venons en au fond de ce dossier du 5 janvier. Je simplifie : il y a une poignée d’ extrémistes (de gauche) qui fédèrent des égoïsmes locaux. Ce n’est pas la réalité. Il n’y a plus depuis des années de politique des territoires, plus de services publics, déserts médicaux, classes qui ferment, lignes de chemin de fer inexistantes ou supprimées etc…. et voilà que l’on sature ces territoires déjà défavorisés d’ouvrages électriques qui détruisent le seul bien qui reste : un milieu naturel non pollué. Il ne viendrait à l’idée de personne d’implanter un site d’enfouissement de déchets radioactifs à proximité d’une grande ville, mais les 80 âmes de Bure peuvent bien s’y plier, elles n’ont qu’un seul défaut, elles sont peu nombreuses et sans défense. Voilà pourquoi des populations rurales traditionnellement conservatrices et plutôt à droite accueillent parfois avec bienveillance ces « casseurs des champs ».

Il y a effectivement comme le dit Bertille Bayard une « incapacité de notre époque à créer du consensus » et il n’y a là aucun paradoxe avec ce qui lui semble une débauche de communication.(1) Un consensus suppose un noyau de valeurs partagées qui fédère des intérêts et justifie des sacrifices. Les territoires ne peuvent exister que comme un réservoir de ressources pour les agglomérations et une source de profits désormais mondialisés. Les ruraux, les locaux, les exilés des villes appelez les comme vous voulez n’ont plus le sentiment d’appartenir à un pays dont ils seraient tout à la fois les pourvoyeurs et les bénéficiaires. Le consumérisme ne fait pas une civilisation et la nation ne fait plus sens. Ce qui prime alors c’est l’individu  perdu dans un ensemble qui l’ignore et qu’il se plait à son tour à ignorer. Il se replie alors sur son cadre de vie parce que c’est le lieu identitaire qui lui reste.

Présenter les « zadistes » comme une poignée d’extrémistes violents qui viendraient à eux seuls enrayer  une cinquantaine de projets d’aménagement est tout à fait simpliste. Les ruraux constatent le saccage de leur environnement au profit d’un  économisme dont ils sont les perdants. Les frondeurs représentent une contre-société. Ils ne font que relayer avec leur organisation une contestation et un malaise bien plus  profond et plus général.

(1)Je précise qu’à St Victor et Melvieu il n’y a pas eu de débat public, la décision d’implantation a été prise par M le Sous Préfet au nom de l’Etat et le dossier de concertation de l’époque ne correspond pas au dossier actuel."



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