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Et
voilà le billet du 17 publié ce matin, 18 janvier. On ne quitte pas facilement
Simone WEIL. Nous poursuivons donc la lecture de quelques bonnes feuilles de
cette immense philosophe.
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Rien
n’est plus facile que de prêcher la vérité. Le miracle, c’est de la faire
aimer.
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1. LA
CITATION DU JOUR.
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"Si
l'on considère d'autres aspects de l'oppression capitaliste, il apparaît
d'autres difficultés plus redoutables encore, ou, pour mieux dire, la même
difficulté, éclairée d'un jour plus cru. La force que possède la bourgeoisie
pour exploiter et opprimer les ouvriers réside dans les fondements mêmes de
notre vie sociale, et ne peut être anéantie par aucune transformation politique
et juridique. Cette force, c'est d'abord et essentiellement le régime même de
la production moderne, à savoir la grande industrie. À ce sujet, les formules
vigoureuses abondent, dans Marx, concernant l'asservissement du travail vivant
au travail mort, « le renversement du rapport entre l'objet et le
sujet », « la subordination du travailleur aux conditions matérielles
du travail ». « Dans la fabrique », écrit-il dans le Capital,
« il existe un mécanisme indépendant des travailleurs, et qui se les
incorpore comme des rouages vivants... La séparation entre les forces spirituelles
qui interviennent dans la production et le travail manuel, et la transformation
des premières en puissance du capital sur le travail, trouvent leur achèvement
dans la grande industrie fondée sur le machinisme. Le détail de la destinée
individuelle du manœuvre sur machine disparaît comme un néant devant la
science, les formidables forces naturelles et le travail collectif qui sont
incorporés dans l'ensemble des machines et constituent avec elles la puissance
du maître ». Ainsi la complète subordination de l'ouvrier à l'entreprise
et à ceux qui la dirigent repose sur la structure de l'usine et non sur le
régime de la propriété. De même « la séparation entre les forces
spirituelles qui interviennent dans la production et le travail manuel »,
ou, selon une autre formule, « la dégradante division du travail en
travail manuel et travail intellectuel » est la base même de notre
culture, qui est une culture de spécialistes. La science est un monopole, non
pas à cause d'une mauvaise organisation de l'instruction publique, mais par sa
nature même ; les profanes n'ont accès qu'aux résultats, non aux méthodes,
c'est-à-dire qu'ils ne peuvent que croire et non assimiler."
In
Simone
WEIL.
Oppression
et liberté.
Gallimard,
Paris, 1955. Collection Espoir.
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2. COMMENTAIRES.
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Ce
passage est extrait de l’ouvrage (incorporé dans la publication de Gallimard)
intitulé Réflexions sur les causes de la
liberté et de l’oppression sociale que j’ai cité à de nombreuses reprises
dans des billets anciens.
Je
le trouve particulièrement intéressant dans la mesure où son constat permet d’expliquer
une partie du malaise social qui fermente dans les sociétés développées. Comme
BERNANOS, comme LANZA del VASTO, comme CHESTERTON, comme THIBON, comme LÉGAUT, comme
WEINSTEIN, comme MICHEA, tous auteurs auxquels je fais souvent références, Simone WEIL voit
bien que le mal réside dans la disjonction entre le travail manuel (en train de
disparaître en raison de la robotisation de la production) et le travail
intellectuel, qui devient opaque à ceux-là mêmes qui croient que le savoir (les
résultats de la science) est l’équivalent de la connaissance (la méthode de la
science). Elle prophétise que le développement des technosciences (un mot qu’elle
n’emploie pas, car le développement technoscientifique n’a pas atteint en 1934
le terrifiant degré de prolifération qu’il a atteint en 2018) ne permettra
jamais de lever l’aliénation pesant sur les agents humains impliqués dans la production
en raison même du développement de la grande industrie, qu’elle soit en main
privée ou en main publique. Cette grande industrie, en raison même de sa
complexité, suppose, implique et finalement exige le développement d’une
bureaucratie managériale qui pense, organise et contraint le travail vivant des
hommes.
C’est
la raison pour laquelle je pense que les pouvoirs publics, dans l’affaire avortée
de l’aéroport de N.-D. des Landes, ne comprennent pas la nature de la résistance
des « Zadistes ». On les qualifie de gauchistes ultraviolents, et c’est
possible sinon probable, mais ils sont les témoins (inconscients, manipulés
probablement) d’une résistance fondamentale de la personne à l’oppression qui
les prive de leur dignité d’hommes libres. Les techniciens s’imaginent que
puisqu’ils savent, on doit obéir. Ils savent mais ne connaissent pas.
Il
dépend des citoyens que nous sommes de choisir des modes de consommation et de
vie qui privilégient les petites communautés humaines. Il est encore temps,
mais il n’est que temps. Je préfère acheter les fromages de chèvre de madame
GAFFET ou les petits Rocamadour chez les deux sœurs de GRAMAT (je ne sais si
elles vivent encore) que les fromages Président, produits par la société
Lactalis dont les déboires bactériologiques sont l’illustration caricaturale de
ce mal qui s’appelle la grande industrie.
Retour à la simplicité et saine critique du progrès, voilà de vraies démarches de réflexion.
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3. REVUE
DE PRESSE IRRITANTE, PARTIALE SANS DOUTE, MAIS INDISPENSABLE.
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Excellente
analyse d’Ingrid RIOCREUX sur les « fake-news »
https://blog.causeur.fr/lavoixdenosmaitres/fake-news-complotisme-de-quoi-parle-t-on-00685.html#ligne
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Je
ne partage l’avis critique de l’auteur de l’article.
Et
je vois dans ces obsèques miséricordieuses l’expression de la véritable
ouverture de l’Église à tous les enfants de Dieu. Cela n'empêche pas que je sois étonné de voir des francs-maçons présents aux obsèques religieuses de l'un des leurs. Et je crains que cette ostensible présence ne modifie aucunement leur doctrine et leur haine des chrétiens.
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Il
n’y a donc pas que monsieur FILLON,
ou
que monsieur SARKOZY.
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Sur
monsieur JUPPÉ.
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Je
l’ai dit plus d’une fois : Ex
oriente Lux !
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Le
lien est long, mais le contenu est remarquable : sur les relations de l’homme
et de la femme :
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