Nous
continuons la lecture de Simone WEIL. Car, comme promis, je reprends les
billets ce mardi matin. Je vous rappelle qu’en 1934, date à laquelle l’ouvrage
a été écrit. Simone WEIL a partagé la condition ouvrière (elle a écrit un livre
qui porte ce titre). Et plutôt que d’appliquer la méthode qui consiste à
repousser avec horreur tout ce qui n’entre pas dans nos schémas de pensée (et
qui s’appelle idéologie), il est plus honnête de s’interroger sur la pertinence
et le degré de profondeur du propos. Notre Simone est très critique vis-à-vis du
stalinisme et des dévoiements du marxisme, mais, avec raison, elle juge que l’analyse
économique du capitalisme, qu’il soit privé ou d’état, est juste.
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Rien n’est plus facile que de prêcher la vérité. Le
miracle, c’est la faire aimer.
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1. LA
CITATION DU JOUR.
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"[…].
Ce ne sont plus les possesseurs du capital, les propriétaires de l’outillage
qui dirigent l’entreprise ; grâce aux actions, ces propriétaires sont fort
nombreux, et les quelques gros actionnaires qui les dirigent se préoccupent
surtout d’opérations financières. Ceux qui conduisent l’entreprise elle-même,
administrateurs, ingénieurs, techniciens de toute espèce, ce sont, à part quelques
exceptions, non des propriétaires mais des salariés ; c’est une
bureaucratie. Parallèlement le pouvoir d’État, dans tous les pays, s’est
concentré de plus en plus entre les mains d’un appareil bureaucratique. Enfin
le mouvement ouvrier est au pouvoir d’une bureaucratie syndicale. « Aujourd’hui
[dit un certain FRIED, cité par Simone WEIL] nous sommes pratiquement sous la
domination de la bureaucratie syndicale, de la bureaucratie industrielle et de
la bureaucratie d’État, et ces trois bureaucratie se ressemblent tant que l’on
pourrait mettre l’une à la place de l’autre. » La conclusion est qu’il
faut organiser une économie fermée, dirigée par cette triple bureaucratie unie
en un même appareil. C’est le programme même du fascisme, avec cette différence
que le fascisme brise l’appareil syndical et crée des syndicats placés sous sa
domination. "
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2. COMMENTAIRES.
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Il
me paraît d’évidence que cette analyse (qui risque de choquer nombre de belles
âmes amoureuses de ce qu’elles appellent la liberté d’entreprendre, ou,
alternativement, la défense de la classe ouvrière et des salariés) est
parfaitement juste. La société post-moderne dans laquelle nous sommes en train
de nous enliser, illustre tout à fait ce propos. Les syndicats (qu’ils soient
patronaux, représentant alors la bureaucratie d’entreprise, ou bien ouvriers,
représentant alors la bureaucratie syndicale) quand ils discutent avec les
pouvoirs publics ont affaire le plus souvent à la bureaucratie d’État.
Reconnaissant son pouvoir, à défaut de sa pertinence, ils légitiment son
existence et ne font qu’en renforcer la domination, tout en réverbérant,
amplifiée, la leur sur leurs troupes.
Tout
est organisé, normalisé, normé, réglementé, et il n’y a plus aucune place pour
la respiration sociale, c’est-à-dire l’expression de la subjectivité des
groupes humains. Et c’est pourquoi il ne fallait pas couper la poire en deux
avec la réforme du code du travail : il fallait le laisser en l’État et
reconnaître le statut de relai mécanique de la bureaucratie d’État aux
représentants patronaux et syndicaux, ou bien accepter l’idée que l’entreprise
est une entité vivante, et lui laisser le soin d’organiser le travail en son
sein, en créant le référendum d’entreprise, avec cette nuance, importante, que
c’est l’entreprise concrète qui est maîtresse de son organisation, et que la
réglementation de l’entreprise de la société A, installée sur le site Y, n’est
pas la même que celle de la même entreprise installée sur le site Z. Voilà qui
nous aurait épargné des montagnes de papiers, de circulaires, de décrets en
tout genre. Et il fallait laisser à des tribunaux spécialisés (et non pas aux
prud’hommes) composés de magistrats professionnels et de juges élus par les
salariés, le soin de régler les litiges professionnels.
Enfin,
dernier volet, il aurait fallu AUSSI, dans des cours d’instructions civiques,
enseigner à nos écoliers, collégiens, lycéens et étudiants, que la recherche de
son propre intérêt n’est pas la forme la plus adaptée à la conquête et au
maintien de la paix sociale. Mais parler de vertu à nos jeunes, ça sent le
cureton. Oh ! Sainte laïcité, que d’erreurs n’a-t-on pas commises en ton
nom…
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3. REVUE
DE PRESSE BAROQUE ET MULTIFORME.
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De
notre chère Elvire DEBORD, du livre profane au livre sacré !
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La
voix angélique d’un soprano norvégien.
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Le
sang bleu (républicain) le seul qui compte pour les guerres de Vendée ?
C'est ce que pense un imbécile qui répond au patronyme de MARTIN. Il y a plus d'un âne qui l'ont aussi.
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Tu
ne tueras point ou la révolte des âmes droites.
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L’État
et ses bureaucrates n’aiment point la LIBERTE.
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L’élégance
de monsieur LANG !
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Pas
de peines planchers dit Manu le jupitérien.
Philippe
BILGER n’est pas d’accord !
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À
lire !
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