Il
existe en la bonne d’Avignon une rue et un square Agricol PERDIGUIER. J’ai
voulu en savoir un peu plus sur cet homme qui était paysan, écrivain et poète, Compagnon
du Devoir et de la Liberté et fut l’ami de Georges SAND. Il fut élu comme député
en 1848, après la proclamation de la République, avec le soutien de BÉRANGER, de LAMARTINE et
de Georges SAND, puis réélu. Il était résolument Républicain, laïc et
franc-maçon et eut à souffrir de ce choix à la proclamation du second Empire.
Il écrivit un livre qui s’appelle Mémoires
d’un compagnon (écrit en 1852 ; première édition en 1854-1855), livre
duquel est tiré le récit que je vous livre et que j’ai trouvé dans l’ouvrage de
Fr. et J. FOURASTIÉ : Les écrivains
témoins du peuple.
"Néanmoins
nous mîmes tous un peu les pieds dans l’école du village ; les filles
envoyées par la mère, les garçons par le père. Le tarif des mois était de 1
franc pour les enfants qui apprenaient seulement lire, de 1,5 F pour ceux qui menaient
de front la lecture et l’écriture !... Ma mère, la bonne et vaillante
femme, payait les mois de ses filles avec l’argent qu’elle gagnait, tout en
faisant son important ménage, à confectionner de petits bonnets d’enfants,
travail dans lequel elle excellait ; le père ne payait que pour ses fils…
À
l’école, M. MADON était à la fois médecin et instituteur, et il n’y allait pas
par quatre chemins ni avec ses malades ni avec ses élèves : il menait
rudement les uns et les autres. Il disait aux malades : « ce remède
doit vous sauver ou vous tuer ; avalez bien vite et que votre sort s’accomplisse. »
Pour ses élèves, il avait des mains dures, des férules, des courroies ou sorte
de tire-pieds de cordonnier, des nerfs de bœuf. L’écolier lisait-il mal ?
un soufflet ; regardait-il à droite ou à gauche ? un coup de courroie ;
faisait-il du bruit ? le nerf de bœuf allait son train. La férule, de son
côté, se reposait rarement."
Un
récit de même contenu est donné par Nicolas LACHAUX qui fut lui-même
instituteur dans le Doubs, et raconte les exploits punitifs d’un jeune et nouvel
instituteur de 26 ans à l’école de MAGNY-les-JUSSEY, en 1821.
On
imagine difficilement la rudesse des châtiments corporels imposés par certains
maîtres à leurs petits élèves. Je me demande ce que diraient les parents actuels
si un maître osait fortement gronder et secouer – je ne dis même pas donner une
claque –à un enfant indiscipliné. Il aurait droit à un blême, une révocation,
la une des journaux et les clameurs des imbéciles. Pour ce qui me concerne, j’avais
un instituteur extraordinaire et je me souviens encore de ses leçons. Mais il
fallait l’écouter. Il avait un petit marteau de bois – dans mon souvenir son
maillet est rouge – et il n’hésitait pas à l’envoyer en direction des bavards
ou des inattentifs. Je lui ai du reste rendu hommage, en lui dédicaçant, parmi
d’autres, ma thèse.
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