Ce poème qui célèbre la naissance
du printemps est attribué à Tsing Pann Yang. C’est un pastiche dû à Yves
GANDON.
La Première Jonquille.
"Je l’avais senti en m’éveillant :
Elle allait fleurir, tout en haut
de la
montagne, la
première jonquille.
L’aurore printanière frissonnait
comme
une
vierge dépouillée de ses vêtments.
J’ai considéré d’un regard anxieux
la
pente glissante
et le roc escarpé.
En route ! Les premières
nuées, lentement
se
déchiraient en quittant les hauteurs.
Et certaines étaient roses et
vertes
comme un ventre
de dragon.
Je montais, — et des tiges humides
sifflaient à mes
oreilles.
Je montais, — et le soleil, détaché
du
mont, n’était
plus qu’un bouillonnement d’or.
Je gravissais, plein de courage,
les
rudes sentiers
où la ronce croît entre
les
pierres.
Qui ménage l’effort mériterait-il
la fleur ?
Là-haut, plus haut encore, elle
allait
surgir au creux d’une
roche fraîche.
J’avançais, haletant, pressé par le
désir.
Enfin, je l’aperçois à l’extrême
pointe
rousse de la
montagne.
Je l’atteins et je m’agenouille
devant
le miracle du
printemps.
J’effleure d’un doigt grossier la
petite
vie tremblante
et parfaite.
Parvenu au terme de mon plaisir, j’ai
les
yeux pleins de larmes."
In
Le pavillon des délices regrettées.
Traduit du chinois.
Robert Laffont, Paris, 1948, p. 89.
En réalité, cet ouvrage contient
deux autres livres : Rêveries sur les divins Empereurs, et La Terrasse des
désespoirs. Ces deux livres ont été publiés séparément, en 1942 et 1943, à
Paris, chez Jacques Haumont. Ils sont attribués à Tsing Pann Yang. Mais e n’ai
pas pu trouver de renseignement sur ce poète chinois, supposé être de la fin du
XIXe siècle. Selon toute vraisemblance, ces deux livres sont aussi de la main d’Yves
GANDON. Par ailleurs, j’ai respecté la disposition typographique de ce poème
controuvé, publié dans Le pavillon des
délices regrettées.
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