Je viens de passer une petite
semaine de vacances dans le midi en compagnie de mon petit-fils : c’est un puits de sagesse,
de tendresse, d’humour et de vivacité : un peu plus de 9 ans, et il rentre
en sixième. Mais il a déjà fait le tour du monde il y a trois ans, en compagnie
de ses parents et de ses sœurs, un périple qui a duré un an !
On dira que je ne suis pas
objectif puisque je suis son grand-père. Une anecdote, vécue pendant la visite
du château des Baux-de-Provence vous prouvera ma très grande objectivité. Lui
comme moi avons été captivés par la démonstration du lancer de boulet à l’aide
d’un trébuchet, une réplique exacte d’une machine de siège médiévale. Gravement,
le petit bonhomme écoutait les explications des démonstrateurs, habillés en
costume du XIIIe siècle. Jusqu’au bouquet final du lancer dans l’espace
à 300 mètres environ, d’un boulet de quelques dizaines de kilos.
Et puis nous avançons vers les
échoppes où des artisans, en costumes eux aussi, font la démonstration des savoirs
du moyen âge. Voilà celle du sculpteur : un homme aux cheveux longs,
barbus, au visage sévère, aux traits bien nets. Entouré par une trentaine de
badauds, patiemment et silencieusement, il donne forme à une masse calcaire qui
vient des pays de Loire (nous le saurons plus tard). Peu à peu, la foule s’en
va. Ne reste que l’enfant, le sculpteur, et moi-même. Alors, l’artiste parle à
l’enfant fasciné. Il lui explique comment s’exercer à sculpter sur des blocs de
plâtre à l’aide d’un ciseau à bois : attention, la partie inclinée du
biseau doit être posée sur le bloc, et non tournée vers le haut, sinon, on risque
d’entailler par malencontre ce à quoi l’on s’attaque. Pendant vingt minutes, l’enfant
écoute, regarde et l’homme ne semble parler qu’à lui. Puis, voyant qu’il est
captivé, il lui donne un bloc de plâtre à emporter.
Et de me dire : "jamais je n’ai
vu un enfant comme ça, aussi attentif !"
Et de fait, mon petit-fils me
répètera presque mot pour mot l’enseignement de ce professeur improvisé, aussi
gentil que pédagogue, et je sais qu’il va s’exercer très bientôt à tailler le
plâtre.
Simone WEIL disait que l’attention
est la clé de la connaissance et de la prière. C’est bien vrai. Et, bien que l’enfant,
selon la volonté de ses parents, ne soit pas baptisé, il m’a demandé le
surlendemain de cette visite : "Papoune (c’est mon nom de
grand-père), est-ce que tu crois en Dieu ?" (Respectant la volonté de
ses parents, de mon fils en particulier, je me suis toujours abstenu du moindre
prosélytisme à l’égard de leur fils, un amour d’enfant, une bénédiction !)
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