dimanche 6 octobre 2013

Spinoza, les politiques et les théologiens... Lisez, ça vaut le coup ! Premier billet du 6 octobre 2013

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Je viens de trouver dans un gros livre publié chez Larousse et qui s'appelle La pensée politique, ce petit texte que l'on doit à Baruch SPINOZA, et qui forme la section 2 du Chapitre I (Introduction) de son Traité politique, publié en 1677 (traduit du latin par Emile SUISSET. Editions Charpentier, Paris, 1842) :
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"[...], les politiques passent pour plus occupés à tendre aux hommes des embûches qu'à veiller à leurs intérêts, et leur principal titre d'honneur, ce n'est pas la sagesse, mais l'habileté. Ils ont appris à l'école des faits qu'il y aura des vices tant qu'il y aura des hommes. Or, tandis qu'ils s'efforcent de prévenir la malice humaine à l'aide des moyens artificiels depuis longtemps indiqués par l'expérience et dont se servent d'ordinaire les hommes que la crainte gouverne plutôt que la raison, ils ont l'air de rompre en visière à la religion, surtout aux théologiens, lesquels s'imaginent que les souverains doivent traiter les affaires publiques selon les mêmes règles de piété qui obligent un particulier. Mais cela n'empêche pas que cette sorte d'écrivains n'aient mieux réussi que les philosophes à traiter les matières politiques, et la raison est simple, C'EST QU'AYANT L'EXPÉRIENCE POUR GUIDE, ILS N'ONT RIEN DIT QUI FÛT TROP ÉLOIGNÉ DE LA PRATIQUE." (Majuscules de votre serviteur.)
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Je vous fait grâce de la suite du texte, pourtant fort éclairante, mais je vous ferai pas grâce de mes commentaires. SPINOZA montre ici qu'il a compris ce qu'est l'idéologie, les systèmes de pensée appliqués à la politique, et leur absolue inefficacité dans ce champ très particulier de la vie humaine en société. Les théologiens ont raison, nous dit-il, parce qu'ils ont compris une chose fondamentale : c'est à la personne, à sa conscience, à sa liberté que doit faire appel une politique conforme à la nature humaine. Il faut bien des lois,  certes, puisque il y a des vices et des travers humains préjudiciables à la vie en société (la cupidité, la violence par exemple), mais ce n'est pas à coup de lois que l'on peut les vaincre ou les contenir, c'est par des questions en permanence posées à la conscience particulière, et des questions qui obligent à une réponse quelle qu'elle soit, si l'homme veut donner du sens à sa vie. Nos Princes socialistes n'ont rien compris. Ils sont prisonniers de leur système. Je ne suis pas certain que les Princes déchus aient davantage compris que l'application d'un système à la vie politique soit de nature à amener la paix et le "bonheur public". C'est en cela que le principe monarchique me semble supérieur au principe de la délégation de nos pouvoirs à un ensemble de représentants qui se combattent les uns les autres, soit pour accéder au droit de nous conduire selon leurs vues, soit pour le conserver. Ce qui ne veut pas dire que le principe démocratique soit condamnable : ce qui l'est dans la forme actuelle de la République, c'est la confusion entre le pouvoir exécutif, et le pouvoir législatif, sans compter du reste le judiciaire. On croyait que MONTESQUIEU avait fait école. On constate qu'il n'en est rien. Et nous sommes en train d'en crever.
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Je me désole de l'absence de commentaires, et parfois je me dis que je parle dans le vide. Est-ce que ça vaut le coup de se donner tant de mal ? Parfois je me pose la question.
 

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