Chers amis,
Je ne pensais pas que mon billet sur le Transformateur
de Saint-Victor et Melvieu aurait une telle répercussion.
(1) Un élu qui a eu mon adresse mail par les
amis chez qui je suis reçu, lorsque je me rends dans l’Aveyron, me fait savoir que la
déclaration d’utilité publique n’a pas été signée par madame le Préfet (qui n’en
a pas la compétence juridique), mais par le ministre de l’écologie d'alors,
monsieur Nicolas HULOT ; il l’a signée sans avoir eu connaissance des
pièces de l’enquête d’utilité publique. Il est clair qu’il y a eu un curieux dysfonctionnement dans cette affaire et que le ministre, ignorant des enjeux, a
été circonvenu. Reste à savoir par qui. On reste confondu qu’un ministre
champion de l’écologie se soit prêté à une telle mascarade.
(2) Le même élu m’envoie le texte que les
jeunes de L’Amassada (les « zadistes » pour ceux qui méprisent le
sol, la terre et le travail des hommes, et qui n'ont que faire du Peuple) ont diffusé auprès des habitants de la
commune ; je n’y ai pas changé une virgule.
"Le dimanche 12 mai, L’Amassada vous invite à une
journée collective de réflexion
autour de ce qui se joue ici localement autour de la lutte contre le méga
transfo RTE de Saint Victor, mais pas que…En effet, comment ne pas voir
que ce projet d’autoroute de l’électricité qui s’impose au territoire de
l’Aveyron et à toute la France n’est qu’une partie d’un système de
pouvoirs beaucoup plus vaste. Système dont le but, et Macron n’a cessé
de le répéter dans ces différentes allocutions, est de connecter tous les
réseaux énergétiques européens afin de rendre toujours plus efficace
l’ordre néolibéral. Car on le sait,
l’énergie est le nerf de la guerre économique. Sans elle les infrastructures
ne tournent pas.
Aussi, le grand blabla de ce gouvernement autour de la «
transition » n’émeut plus. Et c’est bien une des forces du mouvement des Gilets
Jaunes comme des franges les plus lucides et radicales du mouvement
climat que d’avoir mis en avant cette arnaque : la transition telle
qu’elle est distillée par les oligarques au pouvoir n’est qu’une bulle spéculative qui n’a pas du tout pour ambition de
changer le système, mais bien au
contraire d’en affirmer l’hégémonie capitaliste intégrale.
Que Macron ait annoncé dans son discours du 27 novembre lors
de la création du Haut Conseil pour le
Climat sa volonté de tripler l’éolien et de quintupler le photovoltaïque en France doit être compris comme une
manœuvre de communication de bas étage mais
aussi et surtout comme une déclaration
de guerre contre les parties non réformistes du mouvement écologique lui-même. Car il est évident que «
l’écologie industrielle »dont Macron est le porte-voix, est incompatible
avec une écologie sensible, populaire et anti-industrielle. Tous les
experts indépendants le disent : on ne s’en sortira pas face à la crise
climatique et à l’effondrement des écosystèmes en imposant des solutions
purement technologiques. C’est
bien ce que nous disons à l’Amassada depuis le début de la lutte car nous sommes témoin ici, très
localement, de ce désastre des
territoires sacrifiés au nom du grand maître Progrès. Et de plus en plus de personnes se rendent compte que toutes
ces éoliennes et les
infrastructures THT qui les accompagnent ne réparent pas les catastrophes
écologiques mais les aggravent ou contribuent à les rendre invisibles.
Cette journée de discussion du 12 mai se voudrait donc être
d’abord un état des lieux de la lutte
contre ce monstre de « l’écologie industrielle » qu’est le méga-transfo
RTE et consorts, mais aussi un moment de réflexion sur les devenirs
possibles de cette lutte. Qui dépasse d’ailleurs largement les frontière
de l’Aveyron puisque de toutes parts les actions fusent, que se soit par
les mouvements de désobéissance écolo, les blocages de Exctinction
Rebellion, et les prises de
positions de groupes de Gilets Jaunes contre l’écologie néolibérale à la Macron. Nous qui depuis plus de 5 ans
tentons de défendre ce lieu de l’Amassada avec ses terres, ses cabanes
et ses maisons, et indirectement toute la région, puisque le méga
transfo et les centaines
d’infrastructures qui l’accompagneront vont impacter des zones extrêmement larges, et bien, nous sentons que
quelque chose se joue ici, et que l’urgence de la situation détermine
bien des choses à venir.
Le fait que ce gouvernement ne bouge pas d’une ligne face aux
émeutes ou face aux pétitions climat de 2
millions de personnes, demande peut être de repenser nos stratégies. Ce
qui est certain c’est que les rencontres sur les ronds-points, sur les
ZAD, dans les manifs du samedi dessinent une autre géographie de la France, où des gens invisibles ont fait
irruption dans l’époque, se sont parlés, sont
sortis de leur solitude. Et c’est
tout ça, ces cabanes, ces brasiers, ces assemblées, cette nouvelle fraternité des « périphéries en sécession »
comme disent les experts patentés,
qu’ils ne sont pas prêts de lâcher. N’en déplaise au triste prince fascistoïde qui nous sert de président.
Bloquer le temps de l’économie
néolibérale et ouvrir des espaces à nous, des espaces de démocratie
directe où les besoins matériels sont repensés, voilà des choses vitales à organiser ensemble
Nous vous invitons donc toutes et tous à venir
participer à cette journée de discussion à la salle
des fêtes de saint victor 12400, à partir
de 10h, et d’amener quelque chose à grailler pour midi… Cette journée est importante!!!
Nous espérons être nombreu.ses. A dimanche donc."
Nous espérons être nombreu.ses. A dimanche donc."
Je n’ai pas changé un mot à ce texte qui, vous
en conviendrez, n’est pas écrits par des incultes. Je reprocherais cependant l'usage (très modéré il est vrai) de l'écriture dite inclusive, pour la formule conclusive. Elle n'ajoute rien à la force du texte, mais au contraire peut servir d'argument pour dézinguer ces jeunes. J’avais prévu de vous
délivrer un autre billet, mais ces éléments nouveaux m’ont poussé à en différer
la publication pour leur laisser la place. J’ajoute cependant que l’écologie
punitive, telle qu’elle est pratiquée par ce Gouvernement est très exactement
le contraire de ce qu’il faut faire et de ce que veulent promouvoir ces jeunes. Il faut, comme ces derniers le vivent,
rentrer dans une vie de tempérance et de fraternité. Si BERNANOS était encore
de ce monde, il soutiendrait les jeunes de l’Amassada et les Gilets jaunes.
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