mercredi 22 mai 2019

Mercredi 22 mai 2019. Juan Branco, l'oligarchie et le hold-up de la précédente élection présidentielle (6)


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Nous arrivons presque à la fin du livre de BRANCO. Notre iconoclaste décrit les réseaux d’alliances qui se sont créés pour porter au pouvoir un homme qui sera l’obligé de ceux qui l’ont hissé sur le misérable pavois d’une démocratie en lambeaux. Ils nomment ici tous les personnages qui ont défrayé la chronique pour leurs relations avec l’actuel Président de la République. C'est long, hein ? Mais tout de même, ça vaut le coup.
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POINT N'EST BESOIN D'ÊTRE COMPÉTENT : SUFFIT D'ÊTRE MEMBRE DU CLAN.
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"En ces mondes, la question de compétence devient secondaire, tant on voit à quel point les individus sont conditionnés par des réseaux d’allégeance et de contre-allégeance qui leur retire toute autonomie.
"Édith CHABRE — épouse d’Édouard PHILIPPE — a fait une obscure école de droit privé avant d’être diplômée de Sciences Po Lille. La voilà directrice de la toute-puissante école de droit de science, deux ans après que son mari a décidé d’accorder à Sciences Po des aides importantes pour construire son campus au Havre.
"Nadia MARIK (note de votre serviteur : l’épouse de Richard DESCOINGS, si si) était magistrate au tribunal administratif. La voilà directrice adjointe de Sciences Po après avoir été recrutée par son futur conjoint, qui l’avait examinée à son oral à l’ENA, puis elle prend la tête de Teach for France avec l’aide du gotha parisien, pour en faire avec Laurent BIGORGNE le point de rencontre de tout ce que demain la Macronie défendra.
"Ludovic CHAKER avait un parcours interlope. Comme Alexandre BENALLA, le voilà dans les cénacle chargés de superviser et d’instruire les service secrets de l’État.
"Catherine GASSIER-WEILL menait une discrète carrière d’assistante de recherche de recherche avant de prendre la tête de Teach for France (Cf. l’article ravageur dont votre serviteur vous donne ici le lien.
"Quant à Emmanuelle WARGON, il serait absurde de penser que sa présence au gouvernement ait quoique ce soit à voir avec son amitié intime avec Nadia MARIK et le couple PHILIPPE, Laurent BIGORGNE ou Brigitte TAITTINGER. Sa nomination récente a provoqué pourtant une réelle surprise, tant la présence d’une énième lobbyiste sans parcours politique au cœur de l’État commençait à inquiéter." (Page 299.)
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COMMENTAIRES.
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J’extrais de l’article dont je vous donne le lien la composition du Conseil d’Administration de Teach for France :

  • « Olivier Duhamel : juriste et politologue, membre de l’Institut Montaigne.
  • Laurent Bigorgne : tiens, l’Institut Montaigne, lui aussi ? C'en est même le président, bigre. Heureusement que l’organisation dit œuvrer « et en dehors de tout esprit d’appartenance philosophique, religieuse ou politique » (ils ont oublié "idéologique" à dessein, c'était plus difficile à garantir). Lui est agrégé d'histoire et est passé par Sciences Po. Mais aussi par la London School of Economics. Sa page de présentation de l'Institut Montaigne reste bien vague sur son expérience d'enseignement, et est beaucoup plus prolixe sur ses multiples rapports et postes administratifs. C'est le seul agrégé de ce CA et le seul de l'équipe a avoir enseigné dans le secondaire, mais on peut se demander depuis combien de temps. Et surtout, ce n'est pas lui qui garantira le mieux l'action "en dehors de tout esprit d'appartenance politique" de l'association !
  • Emmanuelle Wargon : a suivi une formation à l’ENA, puis une carrière administrative et politique, notamment au Ministère du Travail et au Ministère en charge des affaires sociales. Actuellement directrice générale des affaires publiques et de la communication chez Danone. Bref, une ancienne du public passée dans le privé.
  • Patricia Barbizet : a suivi une formation en école de commerce (ESCP Europe), a occupé divers postes liés principalement aux finances dans le monde de l’entreprise (notamment Renault), a également eu des responsabilités chez Bouygues et Total, et travaille depuis dans le domaine du luxe à la tête de la holding Artemis (Ploutos aurait été un nom plus approprié, mais il est vrai que ce dieu, « le Riche », est simplement un autre nom du dieu des Enfers, ça fait moins classe).
  • Maurice Lévy : un publicitaire et une grande fortune. Un commercial, donc.
  • Bernard Ramanantsoa : a été directeur du groupe HEC Paris (Hautes études commerciales) pendant 20 ans (1995-2015). Un commercial, donc.

Et celui de l’équipe chargée d’animer cette très curieuse association :

  • Nadia Marik-Descoings : diplôme en section Ecofi, carrière dans la publicité (donc le monde de l’entreprise), ENA, tribunal administratif de Paris, Sciences Po (et épouse du défunt président de Sciences Po Richard Descoings).
  • Catherine Gassier-Weill : formée à l’Institut européen d’administration des affaires (qui est une école privée de management). Elle a travaillé à l’ENS Cachan en biochimie. Soyons indulgents, considérons que cela peut l’aider à recruter des enseignants en SVT.
  • Louise Preston : voilà quelqu’un qui peut se vanter d’avoir une expérience d’enseignement… par une formation interne au groupe Teach for All, puisqu’elle doit sa formation à Teach First qui relève du même groupe et a travaillé ensuite au sein de cette même nébuleuse d’associations. Pas de formation d’enseignante dans l’Education nationale, donc.
  • Cécile De Caunes : formation à la finance et à la gouvernance (Université externe de Colombie), licence de philo (Paris 1), master de droit (Sciences Po), mais travaille ensuite en entreprise (Airbus, Jean-Paul Gaultier) avant ou pendant son métier de juriste. Son expérience d’enseignement réelle ? Moins d’un an comme chargée de TD à Paris en 2015 avant de repasser à la justice en travaillant comme élève avocat. Ne rions pas : cette expérience de moins d’un an comme chargée de TD reste l’une des plus meilleures à l’échelle de l’équipe de Teach for France, puisqu’il est probable que Cécile De Caunes a eu affaire à des étudiants de L1 tout juste sortis du lycée. C’est ce que Teach for France a de plus proche d’une expérience réelle d’enseignement dans le secondaire. »

Et je vous rappelle que c’est chez monsieur BIGORGNE que la première domiciliation de la REM a été faite, que Ludovic CHAKER en a été le premier secrétaire général, et que le premier, comme on peut le constater, a mis au service de monsieur MACRON, l’Institut Montaigne ou l’avait propulsé Richard DESCOINGS avec la bénédiction de monsieur BEBEAR. "Institut théoriquement neutre, mais dans les faits créé pour inonder l’espace public d’analyses néolibérales, faisant les affaires des oligarques qui le financent, et utilisant pour cela ses liens proches avec Sciences Po, entretenus par l’entregent d’Olivier DUHAMEL qui servit de tête de pont à Henri de CASTRIES pour soutenir FILLON avant que ce dernier n’ait rallié MACRON, emportant une part du CAC 40 avec lui", nous dit Juan BRANCO. Rappelons que monsieur de CASTRIES est le Président actuel du Comité Directeur du groupe de BILDERBERG (lequel a invité, tiens tiens, monsieur BIGORGNE en 2015 et, chose plus curieuse encore, monsieur PHILIPPE en 2016). On se tient donc par la barbichette, et le premier qui rira aura une tapette.
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Voilà où nous en sommes… Et c’est bien triste. Demain dernier billet sur ce livre, et après-demain, reprise d’un bel article de GUILLUY dans le Figaro.


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