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Bien que je ne partage pas la totalité des opinions exprimées dans ce
livre très roboratif et stimulant, il mérite amplement d’être lu. Il s’agit de
l’ouvrage intitulé Un catholique s’est
échappé, de Jean-Pierre DENIS (Le Cerf, Paris, 2019). Nous aurons sans
aucun doute l’occasion d’en lire ensemble quelques bonnes feuilles.
DENIS constate que la France n’est plus
catholique comme on l’entendait il y a encore quarante ou cinquante ans. Loin d’en
geindre, il propose quelques pistes d’action très intéressantes, et il remarque
que le catholicisme marque encore la société, un catholicisme zombie, non
confessant, mais qui imprègne encore les régions jadis croyantes.
Aux pages 90 et 91 de son livre, il note ceci :
"Dans le Mystère français, Hervé LE BRAS et Emmanuel TODD entendent dévoiler
les deux visages de la France — l’un qui pleure, l’autre qui rit. Mais ces deux
visages ne sont pas ceux que l’on croit percevoir. La ligne de partage entre la
France qui souffre et celle qui s’ouvre ne séparerait pas la gauche et la
droite, ou même les riches et les pauvres. Quand on essaie d’en dresser la
cartographie en prêtant attention à certains indicateurs, comme les suicides,
le niveau éducatif, la fécondité, les homicides, la France qui peine est celle
de la Révolution, ce pays depuis longtemps déchristianisé qui a été
ensuite marqué par le communisme et par un esprit égalitaire disparu sans
laisser de traces. Navrés LE BRAS et TODD constatent la « déprime
idéologique et culturelle des populations anciennement laïcisées » et
croient relever « l’effet dépressif sur la société française de l’effondrement
de la croyance communiste ». Cette France-là, moins bien éduquée, marquée
par les inégalités sociales et économiques est aussi celle que tend à conquérir
le Front National. Elle souffre. Elle résigne. Elle décline.
"Qui l’eût cru dans le Landerneau
intellectuel ? L’autre France celle qui se porte (presque) comme un
charme, c’est celle qui reste marquée par l’empreinte du christianisme, malgré
la chute spectaculaire de la pratique religieuse. Dans ce pays moins atteint
par la crise, on fait des études plus longues, on éprouve moins de difficulté à
se situer dans le nouveau paysage européen et mondialisé, le chômage frappe
moins les jeunes et, dans une certaine mesure, le lien familial résiste mieux.
Or cette France, c’est celle de l’histoire culturelle et politique méprisée et
rejetée à la périphérie de son espace mental : la Bretagne et les pays de
Loire, les Pyrénées basques, l’Alsace, le versant méridional du Massif central,
la Franche-Comté, la Savoie. La persistance de cette cartographie religieuse
dans un pays presque entièrement sécularisé a quelque chose de fascinant."
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COMMENTAIRES.
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Ils seront très courts et consisteront à vous
montrer la carte des résultats des élections européennes. En effet, c’est
fascinant. Les résultats du Rassemblement National (violet) et de La République
en marche (jaune moutarde). Vous pouvez constater, en effet, que ce sont bien
les régions citées par LE BRAS et TODD, d’ancienne tradition catholique (Bretagne, Pays basque, Sud du Massif central, Savoie, Alsace), qui
ont mis le parti macronien en tête, ce qui confirme le choix majoritaire des
catholiques pour lui. Le Rassemblement National fleurit dans les régions depuis
longtemps déchristianisées.
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