vendredi 31 mai 2019

Jeudi 30 mai 2019. La France qui pleure et la France qui rit ou la survivance d'un catholicisme zombie.

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Bien que je ne partage pas la totalité des opinions exprimées dans ce livre très roboratif et stimulant, il mérite amplement d’être lu. Il s’agit de l’ouvrage intitulé Un catholique s’est échappé, de Jean-Pierre DENIS (Le Cerf, Paris, 2019). Nous aurons sans aucun doute l’occasion d’en lire ensemble quelques bonnes feuilles.

DENIS constate que la France n’est plus catholique comme on l’entendait il y a encore quarante ou cinquante ans. Loin d’en geindre, il propose quelques pistes d’action très intéressantes, et il remarque que le catholicisme marque encore la société, un catholicisme zombie, non confessant, mais qui imprègne encore les régions jadis croyantes.

Aux pages 90 et 91 de son livre, il note ceci :

"Dans le Mystère français, Hervé LE BRAS et Emmanuel TODD entendent dévoiler les deux visages de la France — l’un qui pleure, l’autre qui rit. Mais ces deux visages ne sont pas ceux que l’on croit percevoir. La ligne de partage entre la France qui souffre et celle qui s’ouvre ne séparerait pas la gauche et la droite, ou même les riches et les pauvres. Quand on essaie d’en dresser la cartographie en prêtant attention à certains indicateurs, comme les suicides, le niveau éducatif, la fécondité, les homicides, la France qui peine est celle de la Révolution, ce pays depuis longtemps déchristianisé qui a été ensuite marqué par le communisme et par un esprit égalitaire disparu sans laisser de traces. Navrés LE BRAS et TODD constatent la « déprime idéologique et culturelle des populations anciennement laïcisées » et croient relever « l’effet dépressif sur la société française de l’effondrement de la croyance communiste ». Cette France-là, moins bien éduquée, marquée par les inégalités sociales et économiques est aussi celle que tend à conquérir le Front National. Elle souffre. Elle résigne. Elle décline.
"Qui l’eût cru dans le Landerneau intellectuel ? L’autre France celle qui se porte (presque) comme un charme, c’est celle qui reste marquée par l’empreinte du christianisme, malgré la chute spectaculaire de la pratique religieuse. Dans ce pays moins atteint par la crise, on fait des études plus longues, on éprouve moins de difficulté à se situer dans le nouveau paysage européen et mondialisé, le chômage frappe moins les jeunes et, dans une certaine mesure, le lien familial résiste mieux. Or cette France, c’est celle de l’histoire culturelle et politique méprisée et rejetée à la périphérie de son espace mental : la Bretagne et les pays de Loire, les Pyrénées basques, l’Alsace, le versant méridional du Massif central, la Franche-Comté, la Savoie. La persistance de cette cartographie religieuse dans un pays presque entièrement sécularisé a quelque chose de fascinant."
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COMMENTAIRES.
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Ils seront très courts et consisteront à vous montrer la carte des résultats des élections européennes. En effet, c’est fascinant. Les résultats du Rassemblement National (violet) et de La République en marche (jaune moutarde). Vous pouvez constater, en effet, que ce sont bien les régions citées par LE BRAS et TODD, d’ancienne tradition catholique (Bretagne, Pays basque, Sud du Massif central, Savoie, Alsace), qui ont mis le parti macronien en tête, ce qui confirme le choix majoritaire des catholiques pour lui. Le Rassemblement National fleurit dans les régions depuis longtemps déchristianisées.



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