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Avec
plus de 24 heures de retard, voici le billet de dimanche 26 mai.
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"La
stratégie du monde d’en haut est toujours la même. Quand un phénomène populiste
se produit, il est présenté comme accidentel et minoritaire. Les brexiters ?
« Des vieux retraités xénophobes du Yorkshire » sauf que c’est la
majorité du peuple britanniques qui a voté pour le Brexit. On a utilisé
exactement les mêmes procédés rhétoriques pour les « gilets jaunes » :
« fumeurs de clopes qui rouent en diesel », « poujadistes »,
« pesté brune » et enfin « nouveaux barbares attaquant les
hôpitaux. »
"Depuis
les années 80, une certaine bourgeoisie morcelle et « minoritarise »
les classes moyennes et populaires (comme hier la bourgeoisie traditionnelle
mettait en avant les pauvres pour mieux minorer le prolétariat). Mais l’addition
des minorités ne fait pas une majorité. C’est ce qui explique la défaite de
CLINTON face à TRUMP même si ce dernier n’a gagné qu’avec une majorité
relative. (Une majorité relative sera toujours plus puissante que Ce n’est pas
un hasard non plus si MACRON s’effondre en six mois dans les sondages tandis
que TRUMP se maintient. La victoire de MACRON est une construction
intellectuelle « terranovesque » qui repose sur du sable tandis que
TRUMP bénéficie d’une base solide. Je pense que paradoxalement, nous sommes en
train de sortir de la société liquide."
[…].
"MACRON
me semble peu crédible car il a des représentations et un logiciel hérités des
années 80. L’idée que la société est un patchwork de communautés, que le
libéralisme va faire ruisseler de la richesse sur tout le monde. Lors du grand
débat, il est apparu comme un Bernard TAPIE qui aurait fait l’ENA. Nous sommes
pourtant en train de sortir des années 80. Maintenant, il va falloir penser un
modèle alternatif qui passera notamment par le développement de la gouvernance
locale.
"À
long terme, c’est le seul moyen de sortir de la crise des « gilets jaunes ».
Cela ne sera pas simple. Cela fait quarante ans qu’on massacre les classes
populaires, ce n’est pas en quatre mois qu’on va trouver les réponses. D’autant
que nous avons une classe politique qui a été conçue pour représenter une classe
moyenne intégrée. C’est long de réécrire des programmes politiques en répondant
à une demande nouvelle qui est la demande sociale, territoriale et culturelle d’un
monde d’en bas qui n’est plus représenté. Les partis ont tendance à représenter
quelque chose qui n’existe plus. D’où la fin du Parti socialiste et la
difficulté pour la droite de dépasser les 15 %. Il faut commencer par
accepter un diagnostic simple. Il existe un peuple en Grande-Bretagne, il
existe un peuple aux États-Unis et, même, il existe un peuple en France."
In
Christophe
GUILLUY.
La
classe moyenne occidentale ne veut pas et ne va pas mourir.
Le Figaro, rubrique Débats. Livraison du 20 mai 2019, page
20.
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COMMENTAIRES.
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Normalement
ce billet aurait dû paraître hier soir, avant les résultats des élections
européennes. Depuis lors, nous savons que monsieur MACRON ne changera rien à sa
politique, bien que son pari de l’emporter ait été perdu. Nous savons aussi qu’avec
l’aide des médias aux mains des oligarques, il a de fortes chances d’être
opposé à madame LE PEN lors des prochaines élections présidentielles, et de l’emporter
par défaut, accentuant ainsi un clivage terrible et gros de violences entre
ceux d’en-haut (de moins en moins nombreux) aidés par de serviles sous-fifres médiatiques
et ceux que les susdits qualifient de France d’en-bas.
Chers
Gilets jaunes, croyez-moi. Plus de grosses manifestations dont
Poncefrelu-Pilatoquet se moquent copieusement. Allez tous le week-ends sur les
ronds-points, et manifestez, ouvriers précarisés par la mondialisation et la
cupidité des actionnaires, artisans qui ployez sous le poids des taxes, des
contrôles, du RSI, commerçants qui au prix de 50 h de travail par semaine arrivez peine à faire vivre votre famille,
professions libérales massacrées par les mesures prises d’en haut pour vous
étrangler, manifestez calmement et dignement que vous ne voulez plus être dupes
de cette mascarade si bien organisée par quelques grossiums qui vous méprisent. Mais ils ont quand même peur et ils font partie des bien-pensants si bien décrits par BERNANOS, et avant lui par Léon BLOY.
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