samedi 4 mai 2019

Samedi 04 mai 2019. Deuxième billet du jour . A propos du Transformateur de Saint-Victor et Melvieu !


Chers amis,


A plusieurs reprises, je vous ai parlé du transformateur que RTE entend installer contre tout bon sens, et contre l’avis de la population, sur le ban de la commune de Saint-Victor-et-Melvieu dans l’Aveyron.
Comme à mon habitude, je viens de passer quatre jours dans ce village tranquille de la France profonde, la vraie France, celle qui fait son charme et pour lequelle des millions d’étrangers viennent la visiter. Je viens d’apprendre que madame le Préfet de l’Aveyron a signé la Déclaration d’Utilité Publique relative à ce transformateur, et que les procédures d’expropriation ont commencé, dans des conditions défiant tout ce qu’il possible d’imaginer dans un pays qui se dit le pays des droits de l’homme.
Je me suis donc rendu en mairie pour en savoir plus, car j’avais déposé ma propre contribution à l’Enquête d’Utilité Publique et je vous en avais du reste fait part.
C’est là que j’ai appris l’imposture, le mensonge et l’arrogance des représentants de RTE.
Madame le Préfet a signé la DUP sans avoir pris connaissance des contributions à l’Enquête, au motif (a-t-elle dit à la délégation communale qui avait sollicité une audience auprès d’elle), que les jeunes occupants de l’Amassada (la ZAD locale) qui entendent interdire la construction de cette abomination, auraient brûlé ces documents. C’est ce que lui a dit semble-t-il un représentant de RTE. C’est un mensonge éhonté ou un alibi. J’ai pu savoir que les documents ont bien été déposés à la préfecture et qu’une décharge avait été signée au moment de leur remise. Ce qui est vrai, c’est que la maquette du transformateur exposée en mairie a été effectivement brûlée par ces jeunes. On imagine mal qu’ils aient eu l’imbécillité de détruire les documents qui les défendaient et s’opposaient à la construction de cette dangereuse horreur. Il y a donc une triple manipulation : intimidation, dissimulation, mensonge à quoi s’ajoute l’arrogance de ces grands techniciens parisiens qui ne sauraient pas faire la différence entre un bœuf et un taureau.
Mais les aveyronnais sont futés, et les secrétaires de mairie avaient pris soin de scanner toutes les contributions, de sorte que madame le Préfet a pu en  avoir une copie qui lui a été transmise sur une clé USB. Mais la DUP était hélas signée ! Je puis concevoir que, faute de temps, elles ne les auraient pas toutes lues. Elle s'est donc fondée sur la conclusion du Commissaire enquêteur, qui.... hélas ! (Je n'en dirais pas plus.)
Vous vous demandez pourquoi il y a des Gilets jaunes, et des Gilets jaunes violents ? Le voilà, le pourquoi, à partir d'un cas particulièrement exemplaire : quelques grossiums de RTE entendent imposer une implantation plus que contestable (alors qu’il existe à quelques centaines de mètres de là d’autres endroits moins dangereux et disponibles). Ils invoquent l’Intérêt Général, dont ils seraient les infaillibles définiteurs, mais ils ignorent ce qu’est le Bien Commun. C’est la tyrannie de l’État, issue tout droit de la conception jacobine et républicaine de la société politique. Et c'est au nom de l'Intérêt déclaré Général qu'ils nourrissent leur ego.
Voyez-vous, on a dépensé 12 millions d’Euros pour organiser le Grand Bla Bla duquel se dégage une fumée à la désagréable senteur de manipulation. Et l’on ne pourrait pas dépenser quelques millions d’euros pour implanter en un autre lieu cette machine infernale ?
Pour conclure, je vous joins l’extrait d’une lettre envoyée par un propriétaire exproprié à madame le Préfet de l’Aveyron. Vous jugerez vous-même de la violence qui lui est faite, et des raisons qui justifient amplement la révolte des Gilets jaunes. Il m’est impossible, pour des raisons bien compréhensibles, de vous donner le nom de la source qui m’a transmis cette lettre poignante. Mais j’en garantis l’authenticité.

"Madame la Préfète,

Je suis propriétaire de terres agricoles au lieu-dit La Plaine, commune de Saint-Victor et Melvieu et j’ai déjà fait l’objet d’une procédure d’expropriation suite à la déclaration d’utilité publique. Ces terres étaient travaillées par mon mari et mon fils. Depuis quelques années, ils ont mis en œuvre des actions pour lutter contre l’érosion des sols, ils ont cessé de labourer et privilégient les semis directs et les semences de plantes à enracinement profond. La terre commence à rendre les fruits de leur travail, elle est en meilleure santé. Mon grand-père, Victor C[…], avait sacrifié beaucoup pour s’offrir ces quelques belles terres de la Plaine et il était fier de ses récoltes. Mon mari et mon fils partagent son amour de la terre et vivent très mal de devoir renoncer aux cultures qui nourrissent les hommes au profit de pylônes et de méga-watts.
Et ceci d’autant plus que, par l’arrêté préfectoral n°12-2018-12-17-005 du 20 décembre 2018, d’autres parcelles vont nous être retirées temporairement sans qu’aucune compensation financière ne soit mentionnée, comme si cela était une formalité et que nos terres et notre travail étaient sans importance !
[…]."

J’ai eu entre les mains copie de cette lettre manuscrite d'où la garantie d'authenticité sus-mentionnée.

Nous ne devons pas laisser faire. Nous ne pouvons pas accepter l’injustice, et la violence faite aux hommes pour la satisfaction de quelques technocrates. Mais c’est bien connu : la technique est tout simplement l’absence d’être (je paraphrase HEIDEGGER).

NB : c'est à dessein que j'ai utilisé le terme de définiteur qui signifie "religieux délégué au chapitre de son ordre pour y traiter des questions intéressant la vie de l'ordre". Ces grands fonctionnaires, ces techniciens infaillibles forment en effet un ordre laïc, avec ses codes et ses règlements. Malheur à celui qui y dérogerait. Il ya dans cette caste des chefs qui se chargent de définir ce qui est bon pour elle et ce qui est mauvais. Et ce qui est bon elle, c'est qu'elle ait toujours le dernier mot.








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