mardi 9 mai 2017

09 mai 2017. Nouvelles de la Résistance. L'embryon peut-il être un sujet de droit ?

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Suite du cycle consacré à Henri HUDE. Je vous prie instamment de lire ce texte sans passion, en vous demandant s’il est rationnel et juste, et ceci à chaque étape du raisonnement.
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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LA CITATION DU JOUR.
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"Le cas le plus significatif [de la liberté sociale] est celui de l’avortement. La liberté pour la femme (sujet actif) d’avorter est évidemment l'obligation pour l’enfant conçu (sujet passif) de cesser de vivre. On peut tourner les choses comme on voudra, il reste que, si la femme est libre d’avorter, l’enfant ne l’est plus de vivre, et que si l’enfant est libre de vivre, la femme ne l’est plus d’avorter. Soit donc le débat entre les partisans et les adversaires de l’avortement, que j’appelle respectivement abortionnistes et abolitionnistes.
Toute la question se concentre d’abord sur la question de savoir si l’enfant conçu est sujet de droit. Car même si la femme peut être dispensée, dans l’intérêt même de l’enfant, de son obligation de l’élever, il ne saurait être question d’ôter la vie à l’enfant, dès lors qu’il serait une personne et un sujet de droit.
On affirmera : mais ce n’est pas une personne ! La vérité, c’est que ceux qui parlent ainsi n’en savent rien. Ils peuvent bien répondre alors que les autres n’en savent rien non plus. Quand même cela serait vrai, il resterait que nous serions tous dans le doute. Or il suffit qu’il y ait un simple doute pour rendre l’avortement injustifiable. Si nous sommes dans le doute, alors nous prendrions le risque de devenir homicides. Assurément, il n’est pas possible de prendre en conscience un tel risque, ou alors on pourra se permettre n’importe quoi. Pour que l’avortement soit moralement et légalement possible, il ne suffit pas qu’on ne puisse pas prouver que l’enfant serait une personne, il faudrait pouvoir prouver que ce n’en serait pas une. La charge de la preuve incombe toute entière à l’abortionniste.
On objectera que les partisans du droit à l’avortement sont souvent des matérialistes, et que les mots d’âme, de personne, d’esprit n’ont pour eux aucun sens. Mais s’il en est ainsi, la notion de droit n’en aura pas davantage. Il n’y a pas de droit dans une motte de terre, ni dans du protoplasme. Si on pense que l’homme a des droits, de quelque manière qu’on le conçoive, c’est qu’on admet qu’il y a dans l’homme quelque chose de plus : âme, esprit, quelque chose qui le rend supérieur à l’ordre des choses matérielles et simplement vivantes, quelque chose qui force au respect, sans quoi on pourrait le traiter comme de la matière, ou comme un simple animal. Or ce plus qui fait l’homme et sans l’affirmation duquel il n’y a ni droit ni société civilisée, ce plus ne peut être que d’ordre métaphysique, ce qu’on appelle esprit."
In
Henri HUDE.
Éthique et politique. Collection "Philosophie européenne".
Chapitre XII. Liberté et justice. Section 13 : L’avortement.
Éditions Universitaires, Mame, Paris, 1992, pp. 266-267.
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2. COMMENTAIRES.
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Bien entendu, cette analyse n’est pas très tendance. Néanmoins, elle a un mérite immense, celui d’être argumenté et fondé en raison pour ceux d’entre nous qui croyons que l’homme ne se réduit pas à la matière ou qu’il est ontologiquement différent d’un animal. Elle prouve surtout que la matière ne peut être sujet de droit, et que si nous reconnaissons à l’homme cette capacité, il faut alors prouver que l’embryon n’est pas un homme, et se demander à partir de quel moment il le devient. Dans le droit actuel, l’enfant devient sujet de droit, lorsque, sorti du sein de sa mère, il en est séparé par la section du cordon ombilical.
Dans la mesure où l’embryon se développe dans le temps et dans l’espace, dans la mesure où les théories physiques nous disent que ces deux concepts expriment la même réalité, que le temps et l’espace sont en fait équivalents, il est légitime de croire que la personne humaine est totalement présente dans l’embryon, de sa conception à sa mort.
La confusion des esprits vient de ce que l’on ne sait pas faire la différence entre le for interne et le for externe, et que s'il est nécessaire de condamner moralement l’avortement, il ne l'est pas de condamner les femmes qui y ont recours. C’est très exactement ce que Jésus a fait avec la femme adultère : « Personne ne t’a condamnée ? ― Personne, Seigneur. ― Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus ! »
Tout est dit dans cette parole de miséricorde qui renvoie les pharisiens à leurs propres péchés, et la femme adultère à sa conscience.



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