-
Nous terminons aujourd’hui le
cycle consacré à Henri HUDE.
-
Ce n’est pas l’ignorance qui nous
empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
-
1. LA CITATION DU JOUR.
-
"Encore une fois, la question
n’est pas d’opter entre la construction européenne et la perpétuation du statu quo dans la division. Le problème
est de choisir entre deux versions de la construction européenne :
1. Celle qui détruit les
nations et impose une fédération où pourra se déployer sans entraves le pouvoir
de n’importe quoi, et de l’argent irresponsable ― une Europe bureaucratisée,
dépersonnalisée, enfoncée dans un totalitarisme rampant.
2. Ou celle qui respecte les
nations, leur personnalité, leur souveraineté, et qui pose les bases d’une
débureaucratisation des États, d’une équité économique plus grande, et d’un
immense renouveau culturel.
Le premier article des futurs
traités devra déclarer l’inaliénabilité des souverainetés nationales.
Un problème de droit se pose dans
ces conditions : que faudrait-il penser de prétendues aliénations de l’inaliénable ?
La solution ne fait pas de doute : toute prétendue aliénation de l’inaliénable
serait nulle de plein droit.
De même qu’un homme n’a pas le
droit de se vendre comme esclave, que toute semblable vente est nulle, et que l’esclave
même consentant à l’origine est libre de se délier du jour au lendemain, de
même un peuple ne peut renoncer à sa souveraineté nationale et de tels
renoncements, fussent-ils formels et solennels, ne seront jamais pour lui des
engagements qui le lient. Un peuple a le devoir de demeurer une individualité
libre, pour que soit conservée la pluralité des nations libres, sans laquelle
est perdue la liberté commune du genre humain.
Si un citoyen renonce à la
souveraineté de sa nation, il pose un principe au nom duquel on pourra lui
enlever par la suite tous ses droits politiques. De telles décisions ne peuvent
être prises par un peuple, SAUF S’IL A PERDU LA TÊTE OU A ÉTÉ ABUSÉ
[majuscules de votre serviteur]. La folie est juridiquement incapable et l’imposture
ne fait pas droit.
Les peuples devraient protester,
et auraient le droit ainsi que le devoir de protester, perpétuellement, afin qu’il
n’y ait jamais de prescription, ni que soit justifié le fait accompli. Il
suffirait par suite d’une simple déclaration de la représentation nationale
pour recouvrer une liberté qui n’aurait jamais été perdue que de fait, et sans
qu’il en eût jamais résulté le moindre effet juridiquement valable. C’est ainsi
que les Lithuaniens (sic), Lettoniens
et Esthoniens (sic) ont repris
possession de leur souveraineté."
In
Henri HUDE.
Éthique et politique. Collection
"Philosophie européenne".
Chapitre V. Europe et Patries.
Section 7 : L’Europe des nations libres.
Éditions Universitaires, Mame,
Paris, 1992, pp. 86-87.
-
2. COMMENTAIRES.
-
L’analyse de ce penseur est d’une
grande puissance de conviction. Résumons. De même que le corps est inaliénable, de même
la patrie l’est aussi.
On ne comprend rien au problème
de la revendication des Polonais ou des Hongrois vis-à-vis des diktats de la
Commission européenne, on ne comprend rien au refus des Norvégiens de rentrer
dans l’union européenne, on ne comprend rien au Brexit, si l’on n’y voit pas la
revendication des peuples à échapper à une tutelle pesante, bureaucratique, hypocrite
et parfaitement soumise à l’économie, venue de ce grand machin qu’est « Bruxelles ».
Il y a déjà une première
aberration, celle de la langue. Alors que les Britanniques n’ont jamais voulu
une Europe du premier type ni du deuxième type, et en fait n’ont jamais voulu qu’une Europe qui
arrangeait leur système financier, c’est l’anglais qui, sans qu’on le dise, est
la langue qu’il est quasiment obligatoire d’utiliser dans toute correspondance
avec l’une quelconque des douze directions bruxelloises. Or il existe d’autres
langues plus précises et tout aussi belles (l’italien, l’allemand, l’espagnol, sans
compter le français) qui ont pratiquement été chassées de la bureaucratie
européenne. C’est inadmissible.
Vous comprenez aussi pourquoi il
est important de ne plus enseigner l’histoire, ou de ne le faire que par thème
ou par tranches de siècles, sans liens entre elles. On perd peu à peu le sens de la patrie, de son originalité, de sa spécificité, de façon à uniformiser les modes de consommation et de vie pour le plus grands bonheurs de quelques chevaliers d'industrie et de banques aux pratiques douteuses. Il y a donc un juste
équilibre à trouver dans la nécessaire coopération entre les patries et le
respect de leur souveraineté. L’exemple le plus flagrant du viol de ce principe
est le vote par le Parlement du Traité de Lisbonne, en dépit du non à la
Constitution giscardo-européenne. La chose eût été très différente, si l’Europe,
renouant avec elle-même avait reconnu ses racines chrétiennes. Elle est en
train de crever de son apostasie. Et le cadavre ne sent pas bon.
Nos voisins suisses ont une excellente manière de régler la souveraineté des cantons et de la confédération. Ils pratiquent le référendum d'initiative populaire, et une proposition référendaire n'est acceptée que si elle reçoit la majorité des VOTANTS et la majorité des CANTONS. Belle formule que celle qui proclame la loi de la façon suivante : "Le Peuple et les Cantons ont adopté etc."
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire