samedi 13 mai 2017

13 mais. Nouvelles de la Résistance. Choc phobique et servitude.

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Nous poursuivons le cycle consacré au livre de Marc WEINSTEIN, sans aucun doute un livre essentiel pour comprendre la nature d’un État démocratique post-moderne. Je rappelle la référence du livre :
Marc WEINSTEIN.
L’évolution totalitaire de l’Occident. Sacralité politique I.
Hermann, Le Bel Aujourd’hui, Paris, 2015.
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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LA CITATION DU JOUR.
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                Thèse 2. Au degré minimal, le totalitarisme, y compris néolibéral, a parmi ses traits d’essence la loi du mouvement absolu qui se réalise d’abord non dans la terreur, mais dans les chocs phobiques, c’est-à-dire dans la peur « normale », artificielle et stratégique. Dans les totalitarismes (y compris le néolibéral), la peur n’est plus seulement un sentiment objectif : c’est d’abord une institution objective. (Page 71.)

"On nommera ici phobique toute institution sociale chargée de diffuser la peur artificielle, intellectuelle, le risque savant ou scientifique. On nommera choc phobique tout choc stratégique ayant pour fonction ou effet de causer la peur sociale aux fins de destruction du passé (table rase à des degrés divers). Dans le choc phobique, le choc n’a pas pour but de tuer ― il peut causer la mort sans intention de la donner. Toute forme totalitaire se caractérise par la mise en œuvre d’une stratégie de choc phobique (par action fusionnelle des trois institutions phobiques : science, État, économie). Ce qui veut dire que tout choc phobique n’est pas forcément totalitaire : par exemple, avant la fusion des trois institutions, la révolution industrielle anglaise et française a été un choc phobique socialement dévastateur, mais non totalitaire. De façon générale, l’époque du libéralisme classique est celle non plus des peurs et des dangers inhérents à toute vie humaine, mais des peurs et des dangers artificiellement suscités et développés qui redoublent les premiers. […]." (Page 74.)

"Bref, sous le modernisme totalitaire, la peur, le danger, le risque ne sont pas seulement des sentiments ou des affects, mais aussi des institutions. De même et inversement, la terreur n’est pas seulement une institution (le camp, le stade, etc.), mais aussi un sentiment ou un affect. Peur et terreur sont à la fois des affects et des institutions. C’est pourquoi les deux phénomènes sont parents, peuvent passer de l’un à l’autre, même si certaines situations historiques « hybrides » montrent qu’il est difficile de distinguer définitivement entre les deux. La distinction peut être utile ; mais elle n’a pas besoin d’être fétichisée."
Les institutions totalitaires du choc phobique et du choc terroriste sont : la technoscience (qui inquiète au minimum par ses effets négatifs sur l’environnement ou la santé et qui est au maximum utilisée pour l’extermination, l’État (qui inquiète au minimum par son armée, sa police, ses caméras, ses fichiers, son omniprésence et qui au maximum passe à l’acte assassin), l’économie (qui inquiète au minimum par ses crises, par l’industrie sécuritaire qui prospère avec la peur, et qui au maximum sert à l’extermination). À ces trois institutions s’en ajoute une quatrième : les médias qui font de l’audience avec la peur et le risque. Nous avons là affaire aux quatre institutions phobiques principales du modernisme totalitaire. On peut les réduire aux trois premières si l’on considère que les médias ont toujours à voir, d’une manière ou d’une autre, avec la technoscience, l’État et l’économie." (Page 75)
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2. COMMENTAIRES.
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La sortie de l’euro fait peur, les découvertes scientifiques, par leur étrangeté, font peur (souvent avec raison), le passé fait peur (d’où la nécessité d’abolir l’histoire), la police, la télésurveillance, le développement du numérique sont des institutions phobiques, le terrorisme potentiel, l’état d’urgence font peur, les catastrophes écologiques réelles, putatives ou prévisibles, dues au progrès technique font peur. L’État dit démocratique a besoin de faire peur pour subsister. La multiplication des assurances obligatoires ou facultatives, (que ce soient les assurances sociales, les assurances obsèques, les mutuelles et j’en passe) sont des instruments qui entretiennent la peur de l’inconnu, le refus du risque, la certitude ouatée de n’avoir jamais aucun problème puisque l’on est « couvert » comme le disent les documents publicitaires. Bref, l’analyse de Marc WEINSTEIN explique fort bien le développement des moyens de servitude qui nous font ployer sous le joug de l’administration, de la police et des administrations de contrôle.
C’est que, d’horizontale qu’elle était, la société est devenue verticale et se décompose en ceux qui savent, peuvent et veulent, et ceux qui, à leur yeux, ne savent ni ne peuvent et par conséquent ne veulent (qu’ils disent !).
Voilà l’essence du totalitarisme démocratique post-moderne. L’élection de monsieur MACRON vient couronner un édifice qui s’édifie, pierre à pierre, depuis plus de trois siècles, pour le malheur de la patrie et de la société. Si nous voulons être libres, il faut retrouver des liens horizontaux qui nous font échapper aux griffes des puissants. On y reviendra.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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La défaite de la démocratie.

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Toujours la phobie, ou la preuve par neuf.

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Sans doute faudrait-il lui faire un dessin ?

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Pour la vie, rien que pour la vie.

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A lire, à méditer, et à ne pas redouter : n’oubliez pas que le choc phobique est nécessaire au maintien de la servitude.


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