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Nous
poursuivons le cycle consacré au livre de Marc WEINSTEIN,
L’évolution totalitaire de l’Occident.
Sacralité politique I.
Hermann,
Le Bel Aujourd’hui, Paris, 2015.
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Ce n’est pas l’ignorance qui nous
empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LES CITATIONS DU JOUR.
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Thèse
3.
Le totalitarisme, y compris néolibéral,
se définit d’abord non par la terreur
ou la répression policière, mais par la loi du mouvement
absolu vers la superfluité de l’homme, loi en vertu de laquelle la
technoscience tend à produire la domination-Une de la détermination objective
et l’indivision (unification) technoscientifique de la société (dissociété
technoscientifique).
"Venons-en maintenant à
l’objectivité. En proie à ce que BAUDELAIRE nomme la « fatuité moderne »,
la science incline volontiers à considérer que l’objectivité est l’apanage du
modernisme et que les civilisations traditionnelles n’ont connu, en matière de
savoir, que leur pure subjectivité ; Mais si, d’une manière ou d’une
autre, lesdites civilisations n’avaient pas eu accès à la connaissance de leur
monde « objectif », comment auraient-elles fait pour y aménager leur
vie ? En réalité, toutes les sociétés humaines ont aspiré d’une façon ou
d’une autre à connaître le monde. « Cet appétit de connaissance objective,
dit Claude LÉVI-STRAUSS, constitue un des aspects les plus négligés de la
pensée de ceux que nous nommons “primitifs”. S’il est rarement dirigé vers des
réalités du même niveau auxquelles s’attache la science moderne, il implique
des démarches intellectuelles et des méthodes d’observation comparables. »
(In La pensée sauvage. Plon, Paris,
1962, p. 13)." (Page 137.)
"La présente exploration des
profondeurs structurelles du totalitarisme (c’est-à-dire de la manière dont la
technoscience, l’État et l’économie tendent à créer de l’indivision sociale en
objectivant le pouvoir social) ne doit pas masquer les moments où la structure
affleure à la surface, s’y manifestant par des symptômes précis :
novlangue, eugénisme, culte de la vitesse et de l’urgence, collaboration des
victimes, discours du « il n’y a pas le choix » (car
« l’économie a ses lois »), mégalomanie et gigantisme objectifs,
fonctionnement obsessionnel du social, superfluité de l’homme, etc. Parmi les
grands signes du syndrome totalitaire, on trouve aussi le motif de la fin. Pour certains marxistes, le
communisme était la fin de l’histoire, pour les néolibéraux la fin de
l’histoire se réalisait à l’inverse avec la chute du communisme." (Page 169.)
"Si la tendance à indiviser
(unifier) le social sous la pression de la domination objective des oligarchies
technoscientifiques et technocratiques caractérisait déjà le totalitarisme
nouveau-libéral, il faut préciser que la tendance était avant tout nationale
(et nationaliste). Le néolibéralisme a ceci d’original
qu’il donne à la science une dimension transnationale,
globale, mondiale." (Page 179.)
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2. COMMENTAIRES.
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Je vous concède que ces citations
demandent à être lues attentivement. Néanmoins qui ne voit que sous couvert d’égalité,
on tend à unifier le social, à transformer chaque être humain que dis-je ?
à le conformer à un modèle abstrait élaboré par des groupes de savants,
financiers, politiciens, de façon à uniformiser mondialement les modes de
consommation, les pratiques sociales, les façons de penser ? (Notez ici l'accumulation des verbes utilisant les syllabes FORMER). Et ce à un
point tel qu’il est pratiquement impossible aujourd’hui de dire que la
souveraineté nationale est un bien sans se faire taxer de xénophobe, d’islamophobe,
d’extrême-droite, que sais-je encore ?! En vérité, ce qui manque à la plupart des
penseurs politiques et à ceux qui les écoutent, c’est une conception saine de l’anthropologie,
une conception qui dépasse les sectarismes. Les luttes pour le pouvoir, les
grandes batailles d’idées sont en réalité des batailles de polochons
dans un dortoir de gamins. Il y a une distinction, notamment, qui semble
complètement échapper à nos importants : celle du genre et de l’espèce. Il est possible d'être Français et de tenir à sa province !
Pour un penseur chrétien l’homme
est fait pour la vie éternelle, et il ne peut y parvenir que s’il développe à
leur plus haut point les qualités naturelles qui dorment en lui et ne demandent
qu’à être éveillées. Il est assez symptomatique de voir que les grecs utilisaient
le mot aletheia pour désigner la
vérité, un mot qui signifie sortie du sommeil. Autrement dit, il est impossible
de considérer qu’un homme est échangeable ou interchangeable ou inutile.
Concevoir la politique à travers le prisme de l’économie est la pire des
manières de faire vivre la cité. Le politique a pour obligation de réveiller l'homme qui sommeille en chacun, de le remettre debout. Il n'a pas pour but de remplacer les hommes par des robots (ce que nous sommes en train de faire : la voiture sans chauffeur est un exemple grotesque de cette prétention à se passer de l'homme).
Allons plus loin. Retournons à
des modes de vie qui tiennent compte de la subjectivité sociale. Pourquoi
faudrait-il, en matière d’enseignement, que les méthodes, les programmes, les
horaires, les dates de vacances soient uniformisées pour tout un pays (avant de
l’être un jour pour tous les citoyens des grands ensembles imaginés par les
grossiums) ? Les modes de vie d’un provençal ne sont pas (enfin, pas
encore !) ceux d’un homme du nord, le climat de leur petite patrie respective est différent, l’histoire
locale reste encore (pour combien de temps) présente aux esprits, cela suffit à créer des différences signifiantes et utiles à tous.
Pourquoi faudrait-il laisser
crever les centres des villes moyennes, en promouvant (toujours sous la
pression de l’économisme) les zones marchandes périphériques ? Quel
citoyen aura le courage de s’associer à d’autres citoyens, des familles à d’autres
familles, dans sa ville, ou dans son bourg, pour garantir sous forme de
groupement d’achat, un revenu minimum à un "petit" marchand de fruits et légumes, un chausseur
ou un charcutier et faire vivre ainsi le cœur de la cité ? Quel maire aura
l’audace d’attirer dans sa commune des commerces et des services, en
garantissant à ceux qu’il attire, des conditions fiscales avantageuses
(municipalisation des fonds de commerce en déshérence, location à bas prix des
pas de porte ainsi libérés, exemption ou forte diminution de la taxe d’habitation,
accès privilégié aux appels d’offre communaux, etc.)
La liberté en général, et la liberté politique en particulier supposent que les divers pouvoirs qui croient à leur savoir objectif, acceptent que le corps politique puisse avoir d'autres choix que ceux qu'ils considèrent comme objectifs et nécessaires.
Si nous laissons crever la notion
de personne, la notion de sujet social, au profit de l’individu, simple atome
social consacré à la consommation, je ne donne pas cher de notre civilisation. Il faut sauver la personne et faire crever l'individu.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Analyse
intéressante, très intéressante même !
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A
blackbouler sans hésiter !
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