mercredi 17 mai 2017

17 mai 2017. Nouvelles de la Résistance. Pour un autre genre de vie, sauver la personne, faire mourir l'individu

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Nous poursuivons le cycle consacré au livre de Marc WEINSTEIN,
L’évolution totalitaire de l’Occident. Sacralité politique I.
Hermann, Le Bel Aujourd’hui, Paris, 2015.

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Ce n’est pas l’ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c’est la lâcheté !
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1. LES CITATIONS DU JOUR.
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Thèse 3. Le totalitarisme, y compris néolibéral, se définit d’abord non par la terreur ou la répression policière, mais par la loi du mouvement absolu vers la superfluité de l’homme, loi en vertu de laquelle la technoscience tend à produire la domination-Une de la détermination objective et l’indivision (unification) technoscientifique de la société (dissociété technoscientifique).

"Venons-en maintenant à l’objectivité. En proie à ce que BAUDELAIRE nomme la « fatuité moderne », la science incline volontiers à considérer que l’objectivité est l’apanage du modernisme et que les civilisations traditionnelles n’ont connu, en matière de savoir, que leur pure subjectivité ; Mais si, d’une manière ou d’une autre, lesdites civilisations n’avaient pas eu accès à la connaissance de leur monde « objectif », comment auraient-elles fait pour y aménager leur vie ? En réalité, toutes les sociétés humaines ont aspiré d’une façon ou d’une autre à connaître le monde. « Cet appétit de connaissance objective, dit Claude LÉVI-STRAUSS, constitue un des aspects les plus négligés de la pensée de ceux que nous nommons “primitifs”. S’il est rarement dirigé vers des réalités du même niveau auxquelles s’attache la science moderne, il implique des démarches intellectuelles et des méthodes d’observation comparables. » (In La pensée sauvage. Plon, Paris, 1962, p. 13)." (Page 137.)

"La présente exploration des profondeurs structurelles du totalitarisme (c’est-à-dire de la manière dont la technoscience, l’État et l’économie tendent à créer de l’indivision sociale en objectivant le pouvoir social) ne doit pas masquer les moments où la structure affleure à la surface, s’y manifestant par des symptômes précis : novlangue, eugénisme, culte de la vitesse et de l’urgence, collaboration des victimes, discours du « il n’y a pas le choix » (car « l’économie a ses lois »), mégalomanie et gigantisme objectifs, fonctionnement obsessionnel du social, superfluité de l’homme, etc. Parmi les grands signes du syndrome totalitaire, on trouve aussi le motif de la fin. Pour certains marxistes, le communisme était la fin de l’histoire, pour les néolibéraux la fin de l’histoire se réalisait à l’inverse avec la chute du communisme." (Page  169.)

"Si la tendance à indiviser (unifier) le social sous la pression de la domination objective des oligarchies technoscientifiques et technocratiques caractérisait déjà le totalitarisme nouveau-libéral, il faut préciser que la tendance était avant tout nationale (et nationaliste). Le néolibéralisme a ceci d’original qu’il donne à la science une dimension transnationale, globale, mondiale." (Page 179.)
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2. COMMENTAIRES.
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Je vous concède que ces citations demandent à être lues attentivement. Néanmoins qui ne voit que sous couvert d’égalité, on tend à unifier le social, à transformer chaque être humain que dis-je ? à le conformer à un modèle abstrait élaboré par des groupes de savants, financiers, politiciens, de façon à uniformiser mondialement les modes de consommation, les pratiques sociales, les façons de penser ? (Notez ici l'accumulation des verbes utilisant les syllabes FORMER). Et ce à un point tel qu’il est pratiquement impossible aujourd’hui de dire que la souveraineté nationale est un bien sans se faire taxer de xénophobe, d’islamophobe, d’extrême-droite, que sais-je encore ?! En vérité, ce qui manque à la plupart des penseurs politiques et à ceux qui les écoutent, c’est une conception saine de l’anthropologie, une conception qui dépasse les sectarismes. Les luttes pour le pouvoir, les grandes batailles d’idées sont en réalité des batailles de polochons dans un dortoir de gamins. Il y a une distinction, notamment, qui semble complètement échapper à nos importants : celle du genre et de l’espèce. Il est possible d'être Français et de tenir à sa province !
Pour un penseur chrétien l’homme est fait pour la vie éternelle, et il ne peut y parvenir que s’il développe à leur plus haut point les qualités naturelles qui dorment en lui et ne demandent qu’à être éveillées. Il est assez symptomatique de voir que les grecs utilisaient le mot aletheia pour désigner la vérité, un mot qui signifie sortie du sommeil. Autrement dit, il est impossible de considérer qu’un homme est échangeable ou interchangeable ou inutile. Concevoir la politique à travers le prisme de l’économie est la pire des manières de faire vivre la cité. Le politique a pour obligation de réveiller l'homme qui sommeille en chacun, de le remettre debout. Il n'a pas pour but de remplacer les hommes par des robots (ce que nous sommes en train de faire : la voiture sans chauffeur est un exemple grotesque de cette prétention à se passer de l'homme).
Allons plus loin. Retournons à des modes de vie qui tiennent compte de la subjectivité sociale. Pourquoi faudrait-il, en matière d’enseignement, que les méthodes, les programmes, les horaires, les dates de vacances soient uniformisées pour tout un pays (avant de l’être un jour pour tous les citoyens des grands ensembles imaginés par les grossiums) ? Les modes de vie d’un provençal ne sont pas (enfin, pas encore !) ceux d’un homme du nord, le climat de leur petite patrie respective est différent, l’histoire locale reste encore (pour combien de temps) présente aux esprits, cela suffit à créer des différences signifiantes et utiles à tous.
Pourquoi faudrait-il laisser crever les centres des villes moyennes, en promouvant (toujours sous la pression de l’économisme) les zones marchandes périphériques ? Quel citoyen aura le courage de s’associer à d’autres citoyens, des familles à d’autres familles, dans sa ville, ou dans son bourg, pour garantir sous forme de groupement d’achat, un revenu minimum à un "petit" marchand de fruits et légumes, un chausseur ou un charcutier et faire vivre ainsi le cœur de la cité ? Quel maire aura l’audace d’attirer dans sa commune des commerces et des services, en garantissant à ceux qu’il attire, des conditions fiscales avantageuses (municipalisation des fonds de commerce en déshérence, location à bas prix des pas de porte ainsi libérés, exemption ou forte diminution de la taxe d’habitation, accès privilégié aux appels d’offre communaux, etc.)
La liberté en général, et la liberté politique en particulier supposent que les divers pouvoirs qui croient à leur savoir objectif, acceptent que le corps politique puisse avoir d'autres choix que ceux qu'ils considèrent comme objectifs et nécessaires.
Si nous laissons crever la notion de personne, la notion de sujet social, au profit de l’individu, simple atome social consacré à la consommation, je ne donne pas cher de notre civilisation. Il faut sauver la personne et faire crever l'individu.
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3. INFORMATIONS DIVERSES.
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Analyse intéressante, très intéressante même !

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A blackbouler sans hésiter !


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