dimanche 18 juin 2017

18 juin 2017. Nouvelles de la Résistance. A l'intention de madame Marion Rousset, la mort de l'Europe et la victoire du fric !

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Voilà, madame, un extrait du livre extraordinaire de Georges BERNANOS : La Liberté, pour quoi faire ?


Auriez-vous, madame, la lucidité et le courage, la profondeur d'analyse de cet écrivain que vous ne semblez guère aimer. Un cycle s'achève. Ce soir, nous verrons le triomphe de l'argent, de l'économisme, du cynisme, et la mort de tout ce qui fut cher à des hommes et des femmes qui ont cru que la liberté et l'honneur valaient plus qu'une place de député !

"La civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par rien, voilà la vérité. À la place de ces immenses épargnes accumulées de civilisation, d’humanité, de spiritualité, de sainteté, on offre de déposer un chèque sans provision, signé d’un nom inconnu, puisqu’il est celui d’une créature encore à venir. Nous refusons de rendre l’Europe. Et d’ailleurs on ne nous demande pas de la rendre, on nous demande de la liquider. Nous refusons de liquider l’Europe. Le temps de liquider l’Europe n’est pas venu, s’il doit venir. Il est vrai que le déclin de l’Europe ne date pas d’hier, nous le savons. Mais nous savons aussi que le déclin de l’Europe a marqué le déclin de la civilisation universelle. L’Europe a décliné où elle a douté d’elle-même, de sa vocation et de son droit. On ne saurait nier que ce moment ait été aussi celui de l’avènement du capitalisme totalitaire. Je dis, une fois de plus, du capitalisme totalitaire, car le libéralisme n’a été pour celui-ci qu’une étape, un moyen de poser partout des problèmes que le dirigisme seul peut résoudre. Le capitalisme et le totalitarisme ne sont que deux aspects de la primauté de l’économique. L’État totalitaire ne s’oppose pas à l’argent, il se substitue à lui. En confisquant à son profit toute la puissance de l’argent, il met la main du même coup sur toutes les organisations de la corruption, non pour les supprimer, mais pour s’en servir. Le grand malheur, ou plutôt l’extrême misère de cette société dont on nous annonce qu’elle va mourir, comme si elle avait réellement, au sens exact du mot, jamais vécu, ce n’est pas que l’argent y ait été maître, c’est qu’il y ait été un maître légitime, non pas seulement puissant mais honoré. L’argent y avait peu à peu gagné tout ce qu’y perdait l’honneur. L’argent de ses millions de ventouses, a lentement pompé, jour après jour, tout ce qu’il y avait d’honneur dans le monde, et la pieuvre géante est maintenant gonflée au point que le moindre mouvement risquerait de la faire éclater. En face du monstre, presque réduit à l’impuissance, l’État totalitaire distend sa gueule immense afin d’engloutir, d’un seul coup, d’une seule bouchée, l’honneur et l’argent. Nous savons qu’il ne rendra ni l’un ni l’autre." 

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